mydisco
downwards
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My
Disco
Environment LP
Downwards records 2019
Avec My Disco,
la théorie de la décroissance, cest maintenant. A
force dépurer leur musique, il ne reste plus rien. Ou plus
grand-chose. Des ondes, des vibrations, de sourds grondements, des ombres
mouvantes, un trou noir glacial aspirant les dernières traces de
matière vivante. Il faut tendre loreille pour discerner le
fantôme dune voix doutre-tombe. La notion de rythme
se résume à des percussions éparses, les cloches,
le gong, le glas dune ancienne civilisation (Equatorial Rainforests
Of Sumatra), une palpitation synthétique, un frémissement
électronique, un battement de cur maladif au bord du gouffre.
Les guitares sont au rebus. Les machines ont pris le pouvoir. La vie sur
Environment est en voie dextinction.
Quatre ans auparavant, le cinquième album Severe
avait marqué une sérieuse avancée dans le traitement
sonore et lapproche musicale du trio australien. Et ce fût
une franche réussite. Environment pousse le bouchon encore
plus loin. Avec un sens du dénuement qui fait peur. A tel point
que le vide nest jamais loin, le trou sans fond menace, la chute
sans aucun moyen pour sarrêter, sagripper à une
aspérité salvatrice.
My Disco a essayé le noise-rock, le post-punk, sest dirigé
vers une musique de plus en plus répétitive, minimaliste,
sèche, a fait un bond avec Severe dans des ambiances cinématographiques,
électroniques, écrasantes, tournant le dos au rock. Avec
Environment, My Disco rajoute la musique concrète, aborde
lère industrielle, enregistre à Berlin dans un studio
hanté par le spectre de Einsturzende Neubauten qui la fréquenté
jadis. Bruits dusines désaffectées, cliquetis métalliques,
pelletées de sable jetées sur une tôle, frottements
contre barre de fer ou un sample de pluie apaisante sur lultime
morceau Forever. My Disco bricole, expérimente, triture
sur fond de nappes sonores sombres et angoissantes. Environment
arrive parfois à faire illusion, à vous happer dans leur
inquiétante atmosphère polaire (Rival Color, An
Intimate Conflict), à vous envelopper dans leur masse sonore.
Mais globalement, Environment ennuie, propose de lespace
sans le souffle qui le remplit, esquisse dimposants volumes aux
contours trop brumeux et narcotiques pour devenir impressionnants, ne
retrouve par la force et la foi de Severe pour aller encore plus
profondément dans le malaise ou la beauté crépusculaire,
serait parfait pour illustrer un documentaire sur la découverte
dun énième satellite dune très lointaine
planète. La tentative est honorable mais loin dêtre
concluante.
Le sixième album Environment
valide le principe que depuis ses débuts en 2003, My Disco réussit
un disque sur deux, ceux qui riment avec impair. Vivement le prochain.
SKX (04/11/2019)
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