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Multicult Simultaneity Now – LP Learning Curve records 2019 Un nouvel
album de Multicult, c’est un peu, beaucoup, toujours la même
chose, c’est comme un disque de Lungfish à l’époque
faste et comme d’autres groupes à la poursuite d’un but
ultime, ça fait le cinquième album que ça dure et
j’avoue avoir eu pour la première fois une petite pointe de
lassitude à l’écoute de Simultaneity Now. Mais
le trio de Baltimore le fait toujours très bien, sans baisser pied
et avec une telle foi indécrottable qu’il est difficile de
résister. Et j’ai fini par craquer. Lucide mais amadoué.
La centrifugeuse noise-rock en action, jouer serré, avancer coûte
que coûte, pas de sentiment. A prendre ou à laisser. Multicult
donne l’impression de fonctionner que pour lui. Un trio très
joueur dans l’âme. Faire tourner des plans. Les peaufiner,
les huiler. Que tout s’imbrique royalement. Faire rougeoyer le fer
avec une section rythmique carnassière, une guitare abrasive, des
articulations invisibles, le plaisir sauvage d’enchaîner les
notes sans se regarder, de voir les doigts se tordre, chauffer, en rajouter
une couche, présenter un bloc indestructible, reléguer la
problématique mélodique au second plan et asséner
la claque finale sans chercher à en mettre plein la vue, en étant
juste persuadé de sa force. Il est possible ainsi de reprocher
à Multicult qu’il manque à leurs compositions ce riff
plus aguicheur que la moyenne enflammant définitivement la platine,
ce petit truc en plus qui fait décoller à une hauteur encore
supérieure une musique ne demandant qu’un grain de folie pour
surprendre et devenir totalement scotchante. Le propos de Multicult est
ailleurs. C’est du noise-rock terrien, aimant la densité,
la puissance, solidement campé sur un socle de traditions, quasi
nihiliste dans sa façon d’envisager sa musique. Pourtant,
à écouter de plus près, les détails vous sautent
à la tronche, s’imposent à petit feu et l’engrenage
fatale est enclenchée. Des morceaux comme Incoming Noise
avec son tir de barrage rythmique, Grieflex ou Simultaneity
parsemés de riffs piquants, c’est quand même de sacrés
moments de bravoure, tout comme le jeu de basse ultra mordant de Rebecca
Burchette. De quoi largement prendre son pied avec un nouvel album aussi
bon que ses prédécesseurs
bien que sans surprise. |