housewives
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Housewives
Twilight Splendour – LP
Blank Editions records 2019

J’ai attendu de voir Housewives en concert (c’était le dimanche 19 mai au Terminus à Rennes) pour savoir si le déclic allait venir. Parce que l’écoute de Twilight Splendour était franchement laborieuse. Comme par le passé, cette tactique avait déjà marché (au hasard, Neurosis époque Souls At Zero qui n’avait pas convaincu sur une platine mais avait totalement explosé en concert au Confort Moderne de Poitiers pour devenir définitivement accro à ce groupe depuis), l’expérience se tente à nouveau. Peine perdue. A part quelques soubresauts, le tout début d’un commencement d’espoir quand Housewives empoignaient ses guitares, le concert s’est avéré frustrant dans l’ensemble et Twilight Splendour reste un album ennuyeux, raté.
Le meilleur résumé de l’affaire, c’est l’image pour débuter le concert de trois types (sur cinq) statiques devant leurs minuscules synthés/machines plein de boutons et de couleurs qui s’allument et appuyant à l’économie du bout des doigts pour créer de vagues étincelles sonores. Certes, ça s’est amélioré sur le second morceau quand ces mêmes personnages ont pris guitares et basses, que le saxophoniste s’est mis en branle comme le batteur mais le mal, insidieux, était dans la place.
Housewives n’a jamais été le genre de groupe à faire ses besoins là où il lui était dit de faire. Twilight Splendour n’est pas surprenant dans le sens où il s’inscrit dans une évolution logique d’un groupe en constante recherche, pas du tout désireux de faire deux fois le même disque tout en gardant un fil conducteur avec le précédent album. Mais cette fois-ci, le palier franchit est notable. Les Anglais ont totalement (ou presque) laissé tomber guitares et basses et optent pour le synthétique. Il est loin le temps des fractures et de l’intensité, du bruit qui magnétise et de l’urgence à froid qui électrise. Soit.
Le problème est que Housewives a oublié avec leurs nouveaux jouets de composer de vrais morceaux qui tiennent en route et en haleine. Les ambiances ne se sont pas réchauffées mais elles sont surtout mornes et vaines. Un minimalisme électro débouchant sur de nébuleuses atmosphères qui se voudraient très certainement mélancoliques et mystérieuses mais se révélant fatigantes (et fatiguées). Housewives touchent même le fond sur le très rasoir et fadasse SmttnKttns avec l’effet désastreux sur le chant (sous vocoder ou autotune, au choix et ne riez pas) et Hexadecimal Wave/Binary Rock, instrumental rempli de nappes synthétiques chiantes à mourir et à l’arrière goût d’orgue de cathédrales qui dans un monde parfait devraient toutes brûler.
Twilight Splendour comporte tout de même des passages intéressants (Speak To Me, Texu, Subliminal pt. II, voir une partie du long Dormi, surtout la fin) quand Housewives retrouve un peu de vie et de jus, le synthétique laissant du terrain à l’organique, que le rythme se fait plus insistant et que les structures toujours singulières s’agencent plus idéalement. Mais même là, j’ai du mal à y croire, la sauce prenant difficilement, quelque chose qui flotte dans l’air et me laisse à distance de ces méandres pleines de bidouilles/triturations/ondulations manquant de force et semblant errer sans but.
Un disque qui ne décolle jamais, à l’instar du concert. Tout le contraire du chanteur qui s’est pris pour un kangourou toute la soirée. J’ai longtemps cru (croisé les doigts) qu’il allait se prendre les lampes juste au-dessus de lui mais à sa prodigieuse détente, il allie une grande lucidité. Loin de leur attitude d’autiste marquant les débuts du groupe, ce grand moment de gymnastique est inattendu. Pour ne pas dire agaçant à sauter sans aucune raison, totalement à contre-courant de la musique. Et quand le ventripotent saxophoniste qui venait de se mettre torse nu s’est mis également à faire des bonds, j’ai préféré en rire intérieurement. Je ne sais pas pourquoi j’ai craqué et acheté le vinyle à la fin du concert. Un moment de faiblesse. J’aurais mieux fait de reprendre une bière.

SKX (28/05/2019)