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Helium
Horse Fly Hollowed CD Dipole Experiment records 2019 Au jeu du portrait chinois, les résultats pour définir Helium Horse Fly ne feraient qu'épaissir le mystère, altérer la compréhension, brouiller les pistes. Un véritable labyrinthe. Un univers d'émotions contradictoires. Une rencontre de courants ascendants, d'épisodes alternatifs et des ondes de choc. Des tonnes de questions, peu de réponses. Un groupe qui ne se laisse pas cerner facilement. Un groupe mi-homme, mi-bête. Helium Horse Fly est belge et écrit une musique qui n'aurait pas pu naître de l'autre coté de l'Atlantique. Une esthétique, un sentiment profondément européen comme peuvent être Goz Of Kermeur, The Somnambulist, Alboth! ou Young Gods. Marqué dans sa chair, un déclin accepté, l'envie d'ailleurs. Un groupe inclassable et précieux. Précieux dans le sens de la rareté mais également dans le sens sophistiqué car toujours en recherche. Recherche de nouvelles sonorités, recherche d'un canevas ambitieux, croiser et trouver son propre style. Style unique au final. Enchaînement logique, de la suite dans les idées que le quatuor a brillantes. Mais avant tout, Hollowed, le second album de Helium Horse Fly, ne s'explique pas, il se vit. Ce qu'il faut retenir au-delà de toutes autres considérations, c'est la beauté profonde de cette musique. La charge émotionnelle de ces atmosphères noires, graves, si aériennes et pourtant si puissantes. L'éclectisme des six compositions capables de s'étendre à près d'un quart d'heure qui en parait deux fois moins. Évoquer musique contemporaine et noise-rock dans un même morceau n'est pas chose aisée. Faire cohabiter de violentes embardées et une douce mélancolie sans voir les traits de coupe, dans une fluidité étonnante, est proche du mirage. Le chant fragile et mélodieux de Marie Billy s'imbrique merveilleusement bien dans le ciel menaçant, éclaire les climats sombres, tempère les fréquents accès de colère, avec une pointe de désespoir au fond de la gorge et des envolées contenues. L'opposition lumière/ombre fait partie de leur ADN. L'adrénaline monte par vague. Les mouvements rythmiques sont tumultueux, enlevés. La guitare cisaille, devient dentellière, égrène une élégante mélancolie ou multiplie les effets pour troubler la vue. Les morceaux vous embarquent, le point de chute vous importe peu, seul compte le périple et vous les suivez aveuglément. Helium Horse Fly possède une façon bien à lui d'écrire des pièces à l'aura mélodique, exaltées et en même temps rugueuses, explosives mais sans s'éparpiller, solennelles et frénétiques. C'est propre, précis mais ce n'est pas sage. Ça gronde sous la peau, ça cherche la confrontation. C'est ample, ça respire et ça met de gros coups de bourrasque pour mieux vous faire décoller à des hauteurs indécentes. Il serait possible d'en parler des heures mais cela ne suffirait pas à narrer clairement ce qu'il se passe à l'intérieur de Hollowed et à décrire ce qu'il remue en vous parce que la corde sensible que cette musique touche est de l'ordre de l'indicible. Par contre, que Hollowed est un grand disque singulier et attirant, c'est une certitude. SKX (07/02/2019) |