halfhuman
specious




Half Human
Positive Image – LP
Specious Arts records 2018

S'il fallait compter sur le premier album de Half Human pour éclairer les intentions du précédent single, c'est peine perdue. Le propos reste trouble, confus, part dans plusieurs directions, fusionne les styles. Ou les éclate. Il faut se faire une raison, le trio de Brooklyn a choisi de ne pas faire le tri dans toutes ses idées qu'il a nombreuses. L'assemblage qui en résulte reste précaire mais il serait injuste de condamner trop vite ce disque plus significatif qu'il en a l'air.
Dans la grande lessiveuse de Half Human, des sonorités années 80, du post-punk, des triturations noise et électro, un fort esprit expérimental, de la freeture, des déhanchements étranges et déconstruits à la Liars. Cela forme parfois une texture à laquelle il est difficile de se raccrocher, dans laquelle on se perd. L'idée est là mais elle ne se concrétise pas. Ou pas assez. Se court-circuite en brouillant trop les pistes, s'égare dans des méandres bizarrement psychédéliques, froidement synthétiques, des voix qui se trafiquent, des sons tordus comme sur Slow Motion Reward que Helios Creed n'aurait pas renié après trois pilules vertes. Un morceau d'ailleurs qui se partage sur les deux faces, terminant la face A et reprenant sur la face B. Idée fumeuse qui ne semblait pas s'imposer.
Mais Positive Image diffuse aussi un halo séduisant, retombe sur ses pieds, trouve le tempo et les sons adéquats, une rythmique mordante propulsive ou des cordes qui claquent pour vous emmener dans leurs drôle de machine à l'instar du final de pratiquement sept minutes du convainquant Distant Cities. Un album où les possibilités d'interprétation et de lecture sont multiples. L'impression d'un post-punk au vitriol à la recherche d'une originalité à tout prix, d'un assaut sonique désordonné, volatile mais décochant également des flèches aiguisées, des convulsions entraînantes, des compos à qui il ne manque pas grand chose pour qu'elles soient gagnantes, amenant à la même conclusion que pour le single, à savoir un groupe qui reste intéressant de suivre pour voir comment tout ça peut évoluer si jamais Half Human arrive à faire un peu le ménage dans sa tête.

SKX (12/01/2019)