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Facs
Lifelike – LP
Trouble In Mind records 2019

Il va bien falloir finir par l’écrire cette chronique. Des mois que le second album de Facs tourne sur la platine et je ne sais toujours pas quoi en penser. Par contre, je sais ce que je ressens inlassablement à la fin des six morceaux. Pas grand-chose. Neutre. Ni chaud, ni froid. Une indifférence polie. Je reprendrais bien une bière. Agréable à écouter mais comme une sensation de vide.
Le précédent disque Negative Houses avait pourtant provoqué son petit effet et Lifelike reprend en gros une recette identique. Recette que le trio de Chicago résume très bien lui-même, merci beaucoup : minimalism and space to create abstract and modern art rock. Alors oui, il est question d’espace, d’un beau travail sur les textures, de froideur électrisante, de fines nervures, d’arpèges cristallins, de chants distants, de musique répétitive se contentant de peu. Facs le fait toujours très bien. Lifelike, c’est aussi un climat austère laissant un goût de terre, une lumière blafarde s’enfonçant doucement dans les ténèbres ou une noirceur de base cherchant désespérément à remonter vers la surface, une élégance pleine de mélancolie ondulant dans un terrain aride, un charme glacial traversé d’éclats perçants et de sonorités à la limite du dub, autant enveloppantes qu’alarmantes. Bref, tout un tas de caractéristiques qui donnent envie et pourtant laisse de marbre. Comme un mouvement en ralenti perpétuel à la recherche d’une tension perdue. Et que Facs ne semble pas avoir trouvé contrairement à Negative Houses sur lequel l’intensité était subtilement suggérée. Jusqu’à tourner en rond sur Loom State. Des morceaux impressionnistes qui ne font que passer sans laisser de traces profondes, manquant d’aspérités donnant envie de revenir, du petit gravier qui va déranger un rythme trop bien établi pour susciter une émotion devenue trop abstraite. Et les dernières minutes bruyantes du long Total History marquant le dénouement d’un disque qui s’excite enfin ne changent rien à l’affaire. La magie de Negative Houses a subitement fini d'opérer sans explication réellement valable malgré les tentatives de comprendre ce mystère. Lifelike, une réalité déformée, un monde parallèle séduisant de loin mais qui plonge dans une torpeur plus ennuyante qu’hypnotisante. Je passe mon tour.

SKX (20/08/2019)