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Cortez
No More Conqueror – LP+CD
Grains Of Sand/Get A Life !/Wooaaargh/Cheap Satanism/Basement Apes Industries 2018

Mine de rien, ça fait déjà cinq années que Cortez n'avait plus donné de nouvelles. Mais leur précédent album Phoebus résonne encore fortement à nos oreilles, réduisant les distances, réduisant les mois, comme si c'était hier. Entre temps, le groupe suisse avait ressorti en 2016 Initial, premier album publié en 2005 qui avait bénéficié d'un reliftage ainsi qu'une sortie vinyle mais ça ne comptait pas. On voulait du neuf, du croustillant, une nouvelle saison d'ouragan. Ce troisième album va nous rassasier dans les grandes largeurs.

Appeler son album No More Conqueror quand son patronyme est Cortez (dont l’orthographe plus courante est Cortés) est une gageure mais de conquête, il est bien question pourtant, celle de nos sens totalement chamboulés par cette tornade de folie, de nos petits cœurs étreints jusqu'au sang devant ce déchaînement d'exaltation. Cortez ne part pas à la conquête de territoires vierges. La touche Cortez reste identifiable. Hardcore, metal, noise se mélangent dans un combat homérique, violent et pas si technique que ça. Une technique qui aurait même tendance à s'annihiler devant l’exécution sauvage de Cortez. Car s'il existe une nouvelle donne qui n'était pas spécialement prévue sur No More Conqueror, c'est l'approche frontale, beaucoup plus directe et la ligne droite comme seul chemin envisagé. Les convulsions sont là mais c'est comme si les extrémités avaient été arasées par deux troupeaux de bisons lancés en parallèle à une vitesse folle pour donner un bloc parfaitement clair, avançant de façon ordonnée, d'une densité de malade, d'une urgence absolue et dont la frénésie d'ensemble ne peut à aucun moment être raisonnablement stopper. No More Conqueror avance tête baissée, sans répit. Les morceaux sont bien plus brefs, intenses comme si cela était encore possible vu que leurs précédents enregistrements avaient déjà atteint des sommets en la matière. No More Conqueror dévaste tout sur son passage et sans délai, bien plus sûrement qu'un choc bactérien d'une armée de conquistadors sur des empires amérindiens. C'est totalement aliénant et subjuguant. On est roué de coups, une lessiveuse infernale mais on voudrait que ça ne s'arrête jamais.

Et comme si cela ne suffisait pas - et c'est ce qui rend cet album d'autant plus comestible - ce sont les pointes de mélodies, des traits de lumière, des lignes de chant qui s'envolent de la part du nouveau venu derrière le micro (Antoine Läng) et qui n'avaient pas droit de citer auparavant. Ça donne des morceaux complètement incroyables, des morceaux qui s'éclairent, s'écoutent en boucle avec au premier rang, Antes Dos Dias Dos Deuses De Ontem et sa fin absolument poignante et le cinglé Duende avec une performance de haute volée du batteur Grégoire Quartier qui n'en fait aucun pour son instrument férocement saccagé, un engagement total dans son jeu assez époustouflant et clef de voûte de la musique de Cortez.

No More Conqueror, un disque réussissant le tour de force d'être encore plus rouleau-compresseur tout en étant plus lisible, plus sauvage et plus flamboyant. Les riffs sont de la lave en fusion mais ils n'ont jamais été aussi compréhensibles et inspirés. Une mécanique infernale au taquet où tout sonne incroyablement juste, net et précis, d'une puissance qui n'est jamais forcée. Un disque beau, vivant, brutalement désespéré et qui ne s'en laisse jamais compter. Dans les disques qui font mal, vous aviez en 2018 ceux de Great Falls, Coilguns et Ken Mode. Vous pouvez rajouter cet immense No More Conqueror de Cortez.

SKX (21/01/2019)





Livret CD :