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Blood Quartet
Until My Darkness Goes – LP
Gandula/Feeding Tube records 2018

Le quartet de sang est lié par Barcelone, ville où est venu s'installer il y a fort longtemps le new-yorkais Mark Cunningham (Mars, Raeo) et où gravitent les trois membres de Murnau b., groupe commencé en solo en 2005 avec le guitariste Lluis Rueda et évoluant désormais à trois avec l'ajout de Kike Bela (basse) et Càndid Coll (batterie). Blood Quartet, né d'une rencontre au milieu de laquelle coagule une forme poétique donnant naissance à une solide entité multiforme, ondulante et entêtante. Qu'il est loin le temps de la no-wave. Très loin. L'instrument de prédilection de Cunningham est devenue la trompette. Blood Quartet irrigue des terres baignant dans une lueur crépusculaire, noire, un avant-rock dans des teintes jazzy, expérimentales, free où le rock est de plus en plus présent et frappant par rapport au premier album Deep Red. Ainsi que le chant, particulier mais auquel on s'y fait, celui du batteur.
C'est du sang enrichi par de magnifiques mélodies à la trompette, belles, s'envolant dans un ciel chargé de nuages bas. Alors quand ses trois comparses décident de dynamiser et heurter les structures, Blood Quartet prend des allures d'un rock émouvant, subtilement noisy, finement intense et particulièrement réussi sur les deux titres d'ouverture Broken Soldier et NYC Limits. Encore plus quand Cunningham abandonne sa trompette pour la seconde guitare comme sur le dissonant Fire Folk. Des atmosphères troubles, envoûtantes, abstraites croisent des musiques taillées pour la bande-son d'un film pour noctambules (Invoke). Des passages plus ouvertement free-jazz (Jandek, Eigenlicht) succèdent à une drôle et séduisante déambulation en compagnie des touches d'un Korg MS-10 donnent une coloration prog et futuriste (Stress Of Her Regard). La guitare dérape, convulse ou coule une impeccable flânerie. Les rythmes se font saccadés. Le chant fragile et bancal de Càndid Coll est son point faible et son atout principal, notamment sur la dernière déchirante compo qui a donné son nom à l'album et vous noue les tripes.
Un abandon salutaire. Une musique qui se brise, vous transporte, surprend, explore des champs multiples, vous secoue, joue avec les émotions, avec des hauts et des bas mais interpelle sans cesse. Je ne sais pas jusqu'où vont mes ténèbres mais Until My Darkness Goes comporte suffisamment de lumière pour éclairer encore un bon bout de chemin.

SKX (31/01/2019)