binidu
kythibong






Binidu
Nouvel Ancient – CD
Kythibong records 2018

Nos horloges n'indiquent jamais l'heure vraie. C'est à partir de cette phrase énigmatique à l'intérieur du digipack dont le nom Nouvel Ancient mélange français et anglais qu'il va falloir se débrouiller. Parce que Binidu n'offre pas le mode d'emploi. Rien que le patronyme du groupe n'a aucune signification. Ou alors uniquement pour ses géniteurs. Et le fait de connaître leurs autres projets (My Name Is Nobody et ex-For Damage pour Vincent Dupas accompagné de la paire de Pneu Jérôme Vassereau à la guitare/electronic et Jean-Baptiste Geoffroy pour la batterie et synthés) ne va pas aider à nous éclairer.
Binidu souffle le chaud et le froid, s'accorde une grande liberté de ton, parle à tout le monde tout en freinant les ardeurs des plus téméraires par des choix artistiques particuliers. Le chant ne va pas faire que des adeptes du haut de ses cordes vocales très mélodiques, aériennes qui dans les intentions peuvent parfois faire penser à Charlie Looker. Tout comme l'esthétique générale tirant vers une pop baroque et sophistiquée à la manière mais sans être identique de 31 Knots ou de l'ex-US Maple Todd Rittman avec Dead Rider. Et donc bizarre. Parce que cette pop, ces formats chansons partent en vrille régulièrement.
Des synthés lugubres parsèment de zébrures inquiétantes des mélodies qui disparaissent dans le noir. Des soubresauts math-rock perturbent les lignes claires. Des élans free électrisent le propos. Binidu expérimente, joue avec les codes, vole au-dessus de champs magnétiques spacieux auréolés de sonorités planantes et électroniques (Tropical Rain) et se dirige toujours vers des endroits surprenants et décalés. Les structures s'étendent, durcissent puis se ramollissent et son inverse, caoutchouc de l'impossible joignant des extrémités contradictoires. Rien que le morceau Alphas And Omegas est un beau résumé de ce que Binidu peut offrir, aussi crispant que séduisant tout au long de sept minutes très évolutives et bigarrées. Ça passe ou ça casse. Je dois avouer que tous les morceaux ne me parlent pas (pour être poli) mais Nouvel Ancient abonde de multiples passages, de trouvailles rythmiques ou riffs de travers qui interpellent, d'ambiances dans lesquelles il est agréable de se laisser aller, des mécaniques inédites et aventureuses valant le déplacement.
Après un premier album en 2013 qui s'appelait Yes mais pour qui, personnellement, cela avait été non merci, ce deuxième essai est du domaine du pourquoi pas et à tendance à pencher du bon coté de la balance.

SKX (12/01/2019)