faderlabel
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Alan
Vega
IT 2xLPs
Fader Label 2017
IT comme Exit, comme sortie définitive pour Alan Vega en
juillet 2016 à l'âge de 78 ans. IT, album posthume
publié un an après sa mort avec l'abnégation de sa
veuve Liz Lamere. IT comme retour aux sources quand Suicide et
son premier album cultissime faisait réellement flipper et débarquait
en 1977 comme un ovni en plein New-York punk. IT comme la boucle
est bouclée avec un Alan Vega retrouvant toute la noirceur, la
paranoïa, la colère et l'inspiration d'un disque à
l'étoile rouge qui a fait toute sa renommée 40 ans plus
tôt exactement avec son acolyte Martin Rev. IT comme divine
surprise d'un type qui était sorti de mes radars depuis belles
lurettes.
Alan Vega plus dur que jamais. Après une attaque cardiaque et une
sévère agression dans les ruelles new-yorkaises, il aurait
pu se reposer, abandonner. Non, il est là, avec ses armes aiguisées,
prêt à livrer son dernier combat dans sa ville qu'il connaît
sur le bout des doigts, tous les recoins sombres, cruels et par extension,
son pays malade. Fuck you killers, I stand. Personne ne sera épargné.
Red white and blue / It's destroyed / There is no more / Just war /
American war. Les slogans fusent de sa voix éraillée
et unique. Cloue sur place. Ultime néon spectral crachant son vieux
cuir sur un champ electro industriel minimaliste crapoteux.
Rythmiques ferrailleuses, abruptes, martelées en boucle, triturations
grouillantes, sonorités synthétiquement vivantes et sales
qui tournent et retournent, répétitions jusqu'à l'aliénation,
mécaniques rigides et urgentes jusqu'à l'obstination. Chaque
morceau possède son gimmick infernale (DTM pour Dead
To Me), sa petite musique de la mort comme une drogue (Vision),
entre concassage brillant et violent (Screamin Jesus ou Motorcycle
Explodes) et témoignage hanté étonnement lumineux
(le triptyque Prayer, Prophecy et le très beau Stars
en dernier message/passage de témoin pour son fils Dante). Do
what you want. Anything. Une leçon pour tous ceux qui n'ont
pas le quart de son âge et s'acharnent à faire un bruit insignifiant
qui jamais ne possédera la profondeur et l'irrévérence
de cet âme damné.
IT comme le dernier soupir de Alan Vega et il est incroyable de
force, de venin et de vie. C'était son meilleur disque depuis 1977.
SKX (27/03/2018)
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