uniform
sacredbones
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Uniform
The Long Walk LP
Sacred Bones records 2018
Uniform est donc capable de faire pire à chaque sortie. Pire dans
l'agression, dans le niveau de bordel, dans la violence, encore plus profond
dans la crasse et les ténèbres. Après Wake
In Fright, il était permis de se demander ce que le duo
new-yorkais allait pouvoir faire de plus extrême dans leur formule
minimaliste.
La première solution, c'est de passer à trois. Un batteur
en chair et en os à remplacer la bonne vieille boite à rythmes
et c'est Greg Fox (Lithurgy, Zs) qui a été embauché.
La deuxième solution, l'ultime constat, c'est que le désormais
trio ne se contente pas d'être plus lourd avec cette nouvelle arme.
Il ne cherche pas à être plus carré et pénétrant,
bien au contraire. Il se laisse aller à ses plus bas instincts,
s'enfonce dans une démarche bruitiste, élimine les rares
effets indus-trash de ses précédents disques et signe un
pacte avec le Dieu du bruit et de la nuit.
Ce qui n'est pas étonnant quand on connaît les travaux du
guitariste Ben Greenberg lorsqu'il passe aux manettes d'enregistrements
de très nombreux groupes qu'il a mis en boite. Pour ce troisième
album The Long Walk, il est seul maître à bord de
la production et il s'en donne à cur joie, se pourlèche
les doigts avec une saleté sonore qu'il saupoudre allègrement.
Chaque riff est un plâtre de saturations, l'impression que ça
bouffe littéralement le vinyle comme sur la fin de Found.
Une grosse masse compacte et malveillante contre laquelle les synthés/electronics
crédités pour les trois musiciens peinent à se faire
entendre, comblant les infimes espaces laissés vacants.
Et comme Uniform semble ne plus croire en rien, que la situation semble
désespérée, les huit compositions sont d'une noirceur
absolue, plus punk et nihiliste que jamais. The Long Walk est écrasant,
oppressant, sans retour possible. Le plus étonnant dans cette approche
intense et suprême, c'est que les morceaux arrivent à être
percutants. De façon parfois rampante, vicieuse, tordue mais The
Long Walk claque les nerfs, donne envie de se battre avec la terre
entière, crier à la lune, rend fou, une attaque primaire,
exaltante. Les riffs percent, laminent, assomment d'un poids monstrueux.
Conjugués à la batterie et aux lamentations hargneuses du
chanteur Michael Berdan, ils provoquent une chaleur irrépressible
que l'on peut associer à du rock, celui qui pousse à la
rébellion, à faire chier le péquin moyen et pousser
dans les derniers retranchements en te cassant la nuque en deux d'un plaisir
masochiste.
La marche est longue. Au bout, il n' y aura rien à trouver à
part une mort affreuse. Alors autant s'éclater la gueule avant
en tirant sur tout ce qui bouge au doux son de The Long Walk.
SKX (26/11/2018)
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