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Tropical Fuck Storm
A Laughing Death In Meatspace – LP
TFS, Mistletone records 2018

Tropical Fuck Storm, c'est une putain de tempête dans l'océan du rock'n'roll trop souvent occupé à brasser de l'air. Une remontée de courants revigorants venant d'Australie avec des personnes qui ne sont pas nées de la dernière pluie. Gareth Liddiard (guitare, chant) et Fiona Kitschin (basse) en vacances (définitives ?) de The Drones, ça vous pose son groupe. Vous rajoutez Erica Dunn (guitare) et Lauren Hammel (batterie) qui ont bourlingué également dans de nombreux groupes (Harmony, Palm Springs, High Tension) mais pas avec le même retentissement que The Drones et vous obtenez un gros coup de tabac vous trimballant dans tous les recoins de la sphère rock comme un fétu de paille.

Les récurrences envers The Drones sont inévitables. La filiation avec le dernier album Feelin Kinda Free est fatidique en terme de liberté de ton et d'écart stylistique que Liddiard et son ancienne bande avaient effectué par rapport à leurs enregistrements précédents. Tropical Fuck Storm continue ainsi de prendre la tangente, est irrévérencieux mais aussi plus frontal, spontané, chaud comme la braise et comme son nom l'indique, a un peu, beaucoup rien à foutre du protocole, du rock, du swamp rock et de tout ce qui tourne autour. Seul compte le bordel à mettre en s'éclatant la tronche de plaisir. Et vu le niveau de la pochette, ce groupe semble capable de tout. Heureusement, on aura que le meilleur.

You Let My Tyres Down
vous place directement dans l'oeil du cyclone. Le phare dans la putain de tempête. Celui qui rassure, brille de mille feux dans les ténèbres les plus sombres, électrise l'épiderme, le fait chavirer. N'aurait pas dépareillé sur un album de The Drones dans le genre ballade surpuissante et surpoignante. Avec un surplus de sauvagerie. Un morceau qui illumine A Laughing Death In Meatspace, ramenant toute la lumière à lui avant de laisser dévoiler peu à peu d'autres épiques moments. C'est à dire tout le reste. Two Afternoons, le slow de l'enfer A Laughing Death In Meatspace et Rubber Bullies, chacun dans son style, ce sont des morceaux qui vous retournent, des putains de riffs qui déchirent l'air, des chants féminins accompagnant le chant principal de Liddiard pour vous séduire comme des sirènes afin de mieux vous emmener dans les tréfonds à tout jamais, des mélodies virilement sensibles ou déchiquetées, une fièvre tropicale qui monte graduellement sur Rubber Bullies avec sa rythmique brisée éclatant tout pour une compo qui a fini par autant m'obséder que sa ligne de basse ou son riff de guitare. Craquage complet.

Tropical Fuck Storm prend le rock par les cornes, s'en amuse, le détourne, triture les sons, dérègle les rythmiques sur The Future Of History racontant l'histoire de Kasparov contre Deep Blue ou fait déhancher les foules avec le désaxé Chameleon Paint. Sur l'halluciné Soft Power, TFS tord les structures arrivant par moment à évoquer une sensibilité hip-hop avant de terminer dans une ambiance élastique, un psychédélisme aussi bizarre que très mélancolique trouvant son prolongement sur Shellfish Toxin, sorte de collage sonore avec notamment cris de mouettes, mélodie kitsch et désuète pour un instrumental se révélant au final assez flippant.
Tropical Fuck Storm jubile, se lâche, se joue des codes, insuffle un air inattendu et dingue qu'il est bon de respirer à pleins poumons, feu d'artifice de couleurs et de formes à base de soufre et de pilules magnétiques. Les raisons du réchauffement climatique sont désormais connues, c'est la faute de Tropical Fuck Storm.

SKX (22/11/2018)