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Toc
Will Never Play These Songs Again – CD
Circum-Disc/Besides/Tandori/Do It Youssef !/L'Étourneur/Tour De Bras records 2018


Toc est un drôle d'animal à plusieurs peaux. La tête ne change pas. Jérémie Ternoy (piano), Peter Orins (batterie) et Ivann Cruz (guitare). Par contre, elle commande des mouvements divers et variés, des envies de voir régulièrement de nouveaux horizons. En version acoustique avec Qeqertarsuatsiaat en 2016. En version cuivres et bayou avec Toc & The Compulsive Brass. Mais c'est définitivement en version trépidation électrique que je préfère mon Toc, comme sur leur album précédent Haircut et donc leur dernière livraison, Will Never Play These Songs Again.
Toc ne jouera plus jamais ces morceaux parce qu'il semble impossible de reproduire ces deux très longues compositions de plus d'un quart d'heure à chaque fois sans en faire une mixture différente, sans prendre des routes toujours renouvelées au bout de ce qui ressemble à des improvisations diaboliques. Toc n'a jamais aussi bien mérité son patronyme (même si à la base ce sont juste les initiales des noms des trois protagonistes). Fortement troublé. Obsessionnel. Compulsif. Toc se lance à corps perdu dans une transe suprême, une secousse impressionnante à grands coups de répétitions millimétrées pour faire monter l'adrénaline. Le krautrock, le free-jazz, Toc leur fait passer un sale quart d'heure avec cette volonté opiniâtre de leur botter le fondement avec un élan délibérément rock et bruyant.
C'est particulièrement bien amenée sur Ultimate Earworm. La tension s'installe dès les premières secondes. Pas de round d'observation. Et ça ne fait que grimper, se répandre, se tordre, s'emberlificoter, bouillonner avant de se dissoudre doucement dans l'abandon de bruits anarchiques. Le piano électrique Fender Rhodes avec sa sonorité unique, la batterie crépitante, la guitare qui tiraille, module des effets retors, cette façon de rester bloquer sur une note, un rythme sans faire du sur place, est aussi excitant qu'aliénant. Ultimate Earworm a parfaitement mérité son titre.
The Last Hit, l'autre plat principal, évolue sur une trame similaire. L'effet transe est moins prégnant, les convulsions sont en marche, la compo fait miroiter de multiples reliefs, de bosses, de creux, de chemins de travers(e) et de libertés pour se révéler au final tout aussi prenante.
En bonus, les cinq minutes et quelques de Lichen n'apparaissaient pas franchement nécessaires. Ou c'est à interpréter comme une sortie en douceur, oniriquement bruitiste et abstraite pour éviter de devenir dingue.
Toc ne rejouera peut-être jamais ces chansons mais personnellement, je les réécouterais avec plaisir.

SKX (17/04/2018)