skulldefekts
thrilljockey
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The
Skull Defekts
s/t LP
Thrill Jockey records 2018
The Skull Defekts tire sa révérence. Après treize
ans d'existence, une multitude de disques et donc ce cinquième
et dernier véritable album
si on ne prend pas en compte toutes les sorties annexes orientées
electro-expé-drone ou collaborations qui m'ont toujours laissé
de marbre (restons courtois avec les morts).
En entrant en studio, The Skull Defekts savait que cet album allait être
son dernier. Alors le raccourci est peut-être facile mais cet ultime
disque des Suédois est d'une humeur plus maussade que ces prédécesseurs.
Et agressive. L'heure n'était pas à la rigolade et à
la détente. Daniel Higgs, l'ex-Lungfish, était définitivement
parti à la chasse aux papillons. Jean-Louis Huhta, percussionniste
en chef et bidouilleur d'électronique avait mis les voiles. The
Skull Defekts s'est retrouvé avec le noyau historique (Joachim
Nordwall, Daniel Fagerström et Henrik Rylander), a invité
la chanteuse Mariam Wallentin sur deux des huit titres pour remplacer
le gourou barbu de Baltimore et a composé son album le plus écrit
contrairement aux autres albums où l'improvisation était
monnaie courante.
La rythmique reste l'élément centrale, la poutre autour
de laquelle s'agglutinent, tournent, s'accrochent guitares, synthés
et chants. L'effet transe/tribal/derviche tourneur est cependant moins
pressant. L'instrumental qui ouvre l'album (A Brief History Of Rhythm,
Dub, Life + Death) avec ses rythmes tribaux et des percussions de
galère romaine est largement traversé par des déchirures
très sombres, des zébrures noisy, une violence latente faisant
miroiter une ambiance indus et pugnace. The Skull Defekts donne le ton.
Sur Slow Storm, le chant aérien de Wallentin et l'atmosphère
générale dérapent plus vers l'hypnose ou un onirisme
étrange que vers une bataille rangée de rythmes intraitables.
Impression identique sur Powdered Faces, le chant féminin
nentraînant pas l'auditeur dans les mêmes sphères
shamaniques que Higgs. Ce qui n'empêche pas d'aimer ça.
L'ensemble de l'album baigne dans un parfum interlope, un sens de la répétition
moins présent et plus déviant, des décalages, des
doutes, du désespoir. Tension sur le fil du rasoir qui se libère
le temps de A Message From The Skull Defekts. Les Suédois
sortent la grosse artillerie. Tapis de rythmes, tapis de sons épais
et tumultueux, machine à danser la mort comme des zombies. Les
deux guitares luttent souvent à armes égales avec la batterie.
Elles râpent, durcissent l'expression, sifflent. Et pour conclure,
The Beauty of Creation + Destruction, les touches solennelles d'un
piano sonnent le glas d'un groupe dans un dernier éclat lugubre
car c'est bien connu, dans ce genre d'histoire, il n'y a que la fin de
triste. Celle de The Skull Defekts s'achève sur un album concis,
revêche, froidement beau, durement entêtant et magnétique.
Le rythme est mort mais continuera de battre le pavé encore longtemps
grâce à Skull Defekts qui lui a rendu un hommage vibrant
et singulier jusqu'au bout.
SKX (26/04/2018)
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