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Sumshapes
Cabin Biscuits – LP
Gruff Wit/Red Wig/Et Mon Cul C'est Du Tofu ? records 2017

Sumshapes nous oblige à regarder en arrière, au tout début des années 90. Ali Begbie, Jer Reid et Richie Dempsey évoluaient tous les trois sous le nom de Dawson. Un groupe écossais proche musicalement et humainement de Badgewearer et de toute la scène locale comme Archbishop Kebab, Stretchheads (Dempsey en était aussi le batteur), Dog Face Hermans mais aussi The Ex. Trois albums (dont le dernier, Terminal Island, avec un quatrième membre et sans Dempsey) entre 91 et 94, une poignée de singles et fin de l'aventure.
Plus de vingt ans après, les trois se retrouvent mais décident de changer de nom et sortent un album avec le patronyme de Sumshapes. Avec le poids des ans, la musique de ces trois punks est devenue moins timbrée et furieuse, elle est plus lisible et mélodique, s'est assagie. Les germes d'une mécanique tordue, ludique et assez singulière flottent pourtant toujours dans les parages. Mais Sumshapes s'apprécie aussi sans connaître le passé de ses membres. Nouveau départ, nouvelle approche. Sumshapes est un nouveau groupe et ce que ces trois là ont à proposer en 2017 est toujours aussi pertinent.
Des musiciens à l'habileté naturelle, tricotant des structures au rebond étonnant, alliage de fluidité et d'angles durs pour un groove unique dont Ali Begbie (basse) et Richie Dempsey ont toujours été experts. Changements de direction, arrêt brusque ou redémarrage trépidant, les rythmes croisent et se décroisent avec facilité, la basse sinueuse éclaire les cavités et provoque des mouvements aussi irrépressibles que bizarres dans les genoux. Cela leur a souvent valu l'étiquette jazz coller sur le blaire mais c'est juste par que le punk est vite perdu et impressionnable. Heureusement, Minutemen veille sur tout ce petit monde là.
Chez Sumshapes, tout coule de source. Les bouts de mélodies embellissent le propos. Le refrain de Itchy Eye fait invariablement et très brièvement penser à un truc de Sonic Youth. Sur (Bruce Lee's) Buffet, le ton se fait plus grave alors que les vocalises de First XI sont du genre originales, amusantes et rendent l'atmosphère plus légère. Cabin Biscuits offre des sonorités pétillantes, des humeurs bagarreuses et des riffs déformés de Jer Reid, la basse peut devenir élastique et jouer du funk à l'écossaise, c'est à dire idéal pour danser sous la pluie dans les Highlands. Ces trois là éprouvent toujours autant de plaisir à dialoguer ensemble, à se répondre, tendre des pièges. La discussion n'est plus ensevelie sous un bordel sans nom et des tonnes de dissonances. Cabin Biscuits claque, revigorant, avec cette simplicité désarmante et cette absence d'arrivisme qui ont toujours caractérisé Ali, Jer et Richie. Ils sont revenus juste pour le plaisir et ils le communiquent à merveille.

SKX (29/01/2018)