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Sheik Anorak
North Star - CD
Gaffer/Araki records 2017

L'étoile du nord, c'est un lyonnais expatrié à Göteborg en Suède, celle aussi qui permet de retrouver sa route lorsque les repères sont perdus. Tout un symbole que Franck Garcia balaie d'un revers de main. North Star, le quatrième album de son projet solo Sheik Anorak, continue de suivre un chemin tracé par le précédent disque Let’s Just Bullshit Our Way Through sans faillir, sûr de son étoile qui brillait déjà haut dans un univers singulier, approfondissant une thématique de plus en plus mélodique et lumineuse malgré toute l'aura sombre qui l'entoure.
Étoile polaire qui réchauffe les cœurs, North Star épure encore un peu plus le geste, file vers des mélodies coulant de source et pourtant sans facilité, fabriquant des chansons pop dans un cadre qui ne l'est pas vraiment, des ambiances qui suggèrent autre chose. Car North Star a beau présenter un visage harmonieux, un court morceau introductif (Just A Game) évoquant aussi bien Autisti qu'un Dinosaur Jr purifié de toutes scories bruyantes, ce n'est franchement pas l'idée qu'on se fait d'un disque pop classique. Il faut se rappeler que le bonhomme œuvre dans une multitude d'autres groupes. Il insuffle à Sheik Anorak une texture électronique, une aura sobrement mélancolique, une froideur élégante et des rythmiques martelantes qui emmène sa musique vers des contrées hypnotisantes et mystérieuses. Le couplet-refrain n'est pas de mise.
Compositions impressionnistes. L'instrumental et rythmique Pattern 0 (part 2) baigne dans une atmosphère futuriste. Le cyclique This Year donne l'impression de vouloir exploser à tout moment et finit par séduire grâce à sa mélodie tout en délicatesse. Argent fait écho à Or sans pour autant lui rendre la monnaie de la pièce. Un morceau long, plus de sept minutes mais bien moins que Or qui dépassait les vingt minutes, loin d'être aussi stridence et tornade mais dont les roulements de batterie évoquent une fuite en avant seulement perturbée par des triturations electro et une guitare sifflante venant épaissir le paysage pour suggérer une grande étendue spleenesque devant laquelle la contemplation ne peut qu'être la seule attitude. L'étoile est un mirage.
No One Could et North Star sont quant à eux des morceaux plus solaires et entraînants avec des motifs rythmiques et des lignes de guitare tout en finesse et en persuasion, à la simplicité désarmante, No One Could étant un titre qui ne dépareillerait pas sur un disque de Zëro. Pour la touche finale, Sheik Anorak s'offre une très belle sortie avec le magnétique Ready résumant à lui tout seul le talent mélodique de Sheik Anorak et l'art d'insuffler des émotions sombres, belles et consistantes. Sheik Anorak est né sous une très bonne étoile et elle n'a pas fini de briller. Vous pouvez suivre North Star en toute confiance.

SKX (17/02/2018)