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Prettiest Eyes
Pools – LP
Castle Face records 2018

Le précédent album n'avait pas été spécialement concluant mais pour leur deuxième essai, il est permis de plonger tête la première dans Pools. Prettiest Eyes, trio de Los Angeles dont l'esthétique était au rock tendance garage, a éclaté le cadre, mis de la dinguerie dans son jeu, difficile de savoir à quelle branche stylistique se raccrocher mais on s'en prend plein les mirettes et c'est bien là l'essentiel.
Un bassiste, un batteur qui chante, un type aux claviers et effets électroniques. La formation annonçait déjà le groupe pas carré et un peu bizarre. De fait, Prettiest Eyes a poussé le bouchon un gros poil plus loin. Désormais, le trio pimente son ragoût rock-garage de noise, de psychédélisme sauvage, de bruits perturbateurs, de punk déviant quand tout ça n'est pas devenu les ingrédients principaux pour servir douze compositions hautes en couleurs et sans respecter les doses.
L'important, c'est que ça vive et les trois Portoricains venus s'installer à LA en 2012 savent y faire pour incorporer un groove tapageur et du bruit contre l'ennui. De l'essence sixties prête à s'enflammer, du langoureusement brûlant (No Hands Pete), du tribal (Prance et Uncut qui vont de paire à la suite), du synth-punk cabossé, des convulsions et des fractures dans des approches générales entraînantes, le chant qui nage sous les effets, des titres qui collent aux neurones comme Mira Nena, Pools ou Gold Snake dont le début me fait penser à chaque fois au Death Party de Bästard, Birthday Party revu et corrigé par Movie Star Junkies.
Prettiest Eyes a une façon bien à lui de se jouer du chaos et arriver à faire des titres qui se tiennent. C'est chaud, sensuel, fulminant, grondant, une poudrière à mèches multiples qui peut se la couler douce parfois (Dandy et les cinq minutes finales du bien nommé A Sweet Song), donne le sourire souvent et explose la plupart du temps avec la basse centrale qui met le feu au poudre et des flammèches dangereuses et indépendantes gravitant tout autour et dont on ne sait jamais quel chemin elles vont prendre. Mais le résultat est à chaque fois identique, enthousiasmant et fortement recommandable.

SKX (04/06/2018)