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Orchestra Of Constant Distress
Distress Test – LP
Riot Season 2018

Orchestra Of Constant Distress nous avait pourtant prévenu. Ça n'a pas empêché d'y retourner. Leur premier album publié en 2017 était un grand moment de stress. Cette fois-ci, c'est un test de détresse. Ce qui revient globalement au même. Et comme le dit si bien le label anglais Riot Season, un test d'endurance également. Les quatre suédois de Orchestra Of Constant Distress avec notamment deux Skull Defekts et un Brainbombs aiment peser et soupeser vos nerfs, les mettre à rude épreuve, savoir jusqu'où vous pouvez aller avant de craquer. Distress Test est un nouvel exercice de survie en milieu hostile. De la répétition jusqu'à épuisement. Un riff cyclique tournant et retournant comme un sale présage. Un climat austère, anxiogène. Six morceaux, jamais moins de six minutes. Des compos qui vont exploser mais qui n'explosent jamais. La recette des clous rouillés à la mayonnaise de cailloux du précédent album ne change pas. Elle est juste encore plus relevée, lourde, puissante, écrasante.
Le son des deux guitares a pris de l'épaisseur. Un gros grain raboteux qui démange l'épiderme, déchire les intestins en éclatant de l'intérieur. Avec une particulièrement plus vacharde, fielleuse et sifflante pendant que l'autre fait tournoyer un riff et un seul, au sein du même morceau, de morceau en morceau. Vous pouvez prendre l'album à n'importe quel moment, le quitter quand vous voulez sans rien rater de l'histoire mais elle prend tout de même tout son sens si vous vous enfilez l'intégral. Courage.
Après, tout est dans le détail, le minime changement, l'intensité, le dosage des gris foncés et des noirs, les textures, la tension monomaniaque, la brutalité mécanique. Comme sur les neufs minutes de Quite A Lot sombrant dans le marécage ou Very Much qui voit la cadence ralentir dangereusement et l'atmosphère plus hantée. Combat identique pour la section rythmique plus persévérante qu'une mouche cherchant à sortir à travers une fenêtre fermée. Minimalisme tonitruant. Nihilisme royal.
Orchestra Of Constant Distress est contre la théorie de l'évolution. Un bloc claustrophobe, désespérément buté, maladivement rigoureux. Sans émotion, sans solo, avec des accroches qui font mal aux mains, des vibrations telluriques, une masse affreusement sombre qui vous engloutit. Ou non. C'est un disque à manier avec précaution. Il faut être d'humeur. Mais je crois que j'aime de plus en plus ça.

Et si vous êtes particulièrement maso, Distress Test est sorti également avec une version cassette dont le petit nom est Abandon (sur Swap Meat records, genre de label jumelé avec Riot Season). Vous en reprenez pour six nouveaux morceaux supplémentaires. Punition identique.

SKX (06/04/2018)