noproblem
deranged


No Problem
Let God Sort Em Out – LP
Deranged records 2018

Let God Sort Em Out
commence par un morceau de hip-hop. C'est à se demander s'il n'y a pas erreur sur la marchandise. Mais non, pas de problème, c'est bien l'album de punk-rock escompté. Mais ça ne sera pas non plus le punk-rock de base. No Problem est un groupe canadien (Edmonton) publiant un troisième album alliant classicisme et prise de risque, filière historique et mélange des genres, le neuf et l'ancien en boule dans un ouragan inarrêtable. La gueule en sang du chanteur à l'arrière de la pochette donne le ton. Quinze morceaux qui foncent à tombeau ouvert en épargnant femmes et enfants mais pas tous les mécréants à col blanc, la merde ambiante et les extrémistes de tout poil. Let God Sort Em Out. Dieu reconnaîtra les siens.
Un morceau d'ouverture surprenant donc, tout comme les débuts de No Justice No Peace ou Patriots Of Jesus Christ (et sa fin) manipulant des atmosphères identiques et qui ne sont pas à envisager comme de simples interludes bien qu'ils ne soient pas du tout emblématique du disque. Le vent de la révolte souffle sous toutes ses formes. C'est forcément sous sa représentation rock que No Problem ravage toutes les avenues comme sur l'incontournable Get The Feeling Back. Hymne punk par excellence qui dit l'essentiel en deux minutes. Mélodie incendiaire, refrain à beugler le poing levé, chœur à la Thugs, simplicité ardente, No Problem vous embarque avec une grande facilité sous leur étendard et ne vous lâche plus.
Frénétique, intense, mélodiquement mordant, Let God Sort Em Out compose à partir des plus belles heures du punk 77, du hardcore à la Wipers, Dead Kennedys ou SST records en rajoutant une dimension post-punk importante dans le son, voir noise-rock à la Metz (No Justice No Peace) pour enfiler les déflagrations aussi courtes que vitales. Le guitariste Steve Lewis aligne riffs tueurs sur riffs tueurs, varie les effets pendant qu'un peu de synthés s'ajoutent parfois discrètement dans le fond pour brouiller les pistes à l'instar de Let It Bleed Pt. II, alourdit le rythme sur le sombre et farouche Eyes Of A Killer, ressort la machine à hymne sur Say Goodbye, VX Gas avec son speed solo de la mort ou le fulminant Straight Line et sa batterie galopante. Et cette énergie sans cesse présente, débordante, vague submergeante, course poursuite irrésistible.
No Problem modernise les acquis et vole dans les plumes de son prochain avec un album qui a des allures de classique indispensable.

SKX (24/10/2018)