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LLNN Deads LP Pelagic records 2018 Le Danemark, ce pays où la campagne est blonde et le gibier abondant. Deads débarque parmi les vivants. Il est permis de trembler. Politique de la terre brûlée. Le printemps sera pour plus tard. Si vous aviez écouté le split précédent ou le premier album Loss, vous saviez à quoi vous attendre. Sauf que Deads est encore plus dantesque. D'abord, avant toutes autres considérations, une plongée sonore dans les entrailles de la bête. Le son est monstrueux. Chaque rafale de riffs vous enterre profond. Une densité au mètre carré qui concasse, lamine, met une pression de malade. Totalement aliénant. Et pourtant, Deads respire. Piétiner, labourer les chairs tout en englobant le vaste monde et permettre à chacun d'évoluer à son aise dans ses habits d'apocalypse, c'est le surprenant pari que LLNN a réussi à tenir. La présence d'un synthé à plein temps n'y est pas étranger. Aère les bronches, s'insinue jusqu'à devenir central dans l'élaboration de la très sombre atmosphère mais sans jamais se mettre en avant, serpente comme une onde maléfique, donne de l'ampleur à ce noir orchestre qui aime chevaucher en écrasant tout sur son passage. Deux titres (Civilizations et Structures) qui pourraient être vus comme des interludes mais qui sont bien plus que ça sont même constitués uniquement depuis cette machine infernale avec des samples et sonorités fait-maison. Et au-delà de cette exploration sonore qui n'a jamais aussi bien fait sonner le post-hardcore, Deads est un drame en huit actes qui secoue les tripes. Vous avez le droit de penser à Neurosis, à Botch ou Breach mais c'est avant tout du LLNN qui écrit sa propre partition. Alliage d'élans punitifs et d'envolées d'un funeste lyrisme. Sauvagerie d'un chant qui a dû prendre des cours avec Steve Austin (Today Is The Day) pour hurler et évacuer une telle dose de haine avec autant de conviction et sans jamais se fatiguer. Compositions brutalement épiques qui vous font sentir tout petit face à Armada ou Deads clôturant un album majestueusement inébranlable, passionné et méchamment organique. SKX (13/09/2018) |