landowner
bornyesterday


Landowner
Blatant – LP
Born Yesterday records 2018

Les proprios débarquent par surprise et ça fait mal. Landowner, groupe originaire de Holyoke dans le Massachusetts, n'a prévenu personne (sauf pour les chanceux qui avaient eu vent de leur cassette Impressive Almanac en 2016) et sort Blatant qui va faire causer dans les chaumières. Sauf qu'on sait pas trop comment en causer à part dire c'est vachement bien.
Alors tentons sans conviction Minutemen et le Crazy Rhythms de The Feelies que je n'arrive pas à m'enlever de la tête à chaque écoute de Blatant remis au goût du jour - et les temps sont durs et le ton se fait mordant. Ou alors du weak hardcore comme ils le qualifient eux-même. Mais ce hardcore n'est pas faible, il est minimaliste, sec, vif, trépidant. Un son clair, très peu de distorsions et surtout un album fabriquant une tension à partir d'un mouvement répétitif, dans la retenue, contrôlant ses éclats, fignolant l'adrénaline, la délivrant au compte-goutte et au final, la magnifiant dans des compositions devenant très vite addictives.
La tonalité varie très peu d'un morceau à l'autre. Un saxophone joué par un des deux guitaristes apporte une couleur différente sur une poignée de titres. Mais Blatant avance homogène, sûr de sa force, enfonçant le clou à chaque changement de piste, vous persuadant un peu plus au fil des minutes que vous tenez là un album qui n'est pas prêt de s'user.
Et pour couronner le tout, vous avez le chant de Dan Shaw dont la particularité est d'avoir signé toutes les compositions. Un chant volubile, narratif, participant à cette impression de voir une histoire se conter devant les yeux, chapitre par chapitre, pour des paroles engagées n’épargnant pas ce vaste monde et les bouffons qui l'habitent. Un chant expressif, tendu dont chaque mot est aussi important que chaque note exécutée pour former un ensemble totalement cohérent et vibrant. Un album qui fait autant taper du pied que réfléchir. Ça défile comme dans un rêve, une succession de titres tous meilleurs les uns que les autres, une nervosité, un allant qui s’empare de chaque pensée, chaque geste. Un vent de fraîcheur, l'impression d'un renouveau. Alors franchement, vous le casez où vous voulez ce disque mais surtout, vous l'écoutez, impossible de ne pas craquer.

SKX (13/10/2018)