lace
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Leader of the gang tatoué dans les poils, l'insert de Human Condition annonce la couleur. Le premier album de Lace, groupe de Houston, n'est pourtant pas qu'une affaire de gros durs et de muscles. Certes, Human Condition n'est pas tendre. C'est punk, déterminé, rageur et plus que ça sur certains uppercuts, style les deux morceaux ouvrant les hostilités en moins de deux minutes chrono (Amnesia et Dead Umbrella). Une brûlante urgence en bandoulière, le batteur déjà à fond la gomme et plus un poil de sec.
Cependant, Lace, à l'instar d'autres groupes venant du milieu punk-hardcore comme Davidians et Worse, insuffle d'autres éléments qui perturbent la compréhension. On appelle ça du post-punk mais c'est vraiment par flemme et faute de mieux. Parlons d'un souffle plus funeste et mélodique comme sur Tension qui n'en manque pas certes mais qui est surtout plus mesuré avec un chanteur qui n'est plus seulement que cris et désespoir mais opte pour un chant-parlé et une onde globale plus claire. Human Condition se transforme en une musique hybride. Les cadences ralentissent. La reverb se pointe. Le jeu d'un des deux guitaristes devient noise, dérape dans les larsens, sculpte des ambiances bruitistes, sifflantes plutôt que des riffs tranchants. Le punk qui sommeille en eux s'abreuve à de multiples sources. Poison Drum et On A Rung sont deux beaux exemples de compos se jouant des repères. L'intensité est présente, le chanteur est prêt à mordre tout ce qui bouge, le début de Poison Drum est frénétique mais Lace sait aussi faire dans la dentelle, calme les ardeurs les plus folles et part dans des contrées obscures. La seconde guitare branche la pédale de son clair et acéré pendant que l'autre tiraille ou égrène un gimmick aguicheur sur On A Rung. Quant à Mapplethorpe (The Leper Song), c'est tout en déviance et en acidité.
Au final, Human Condition est un cocktail redoutable à la fureur contrôlée, n'hésitant pas à prendre des chemins de traverse, à brouiller les pistes tout en suivant un fil rouge incendiaire. Human Condition ne sonne pas la révolte mais c'est une belle pierre dans la mare punk.

SKX (21/06/2018)