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subpop

Hot Snakes
Jericho Sirens – LP
Sub Pop records 2018

Mine de rien, depuis un an à peu près que l'annonce d'un nouveau album de Hot Snakes était dans les tuyaux, il était patiemment et fébrilement attendu. Parce que bordel, ce sont les Hot Snakes quand même ! Et à défaut de tuyau, c'est un rouleau qu'on se prend dans la tronche, une sacré vague démesurée sur laquelle le plaisir de glisser va être incomparable, un tsunami de punk-rock comme si les vétérans de San Diego avaient toujours vingt ans. Par une admirable et incompréhensible inversion des courbes du temps, plus ces mecs vieillissent et plus ils augmentent le niveau du bordel et de l'intensité alors que les lois de la Nature voudraient le contraire. Mais attendez, c'est pas ce qu'on avait déjà constaté en 2004 à l'occasion de la sortie de leur troisième album Audit In Progress ?
Jericho Sirens qu'on appelle trompettes en français font trembler les murs du punk comme jamais un album de Hot Snakes l'a provoqué. Quatorze ans de retraite et la paire John Reis-Rick Froberg revient plus énervée que jamais, les travaux de jeunesse Pitchfork et Drive Like Jehu compris. Avec Gar Wood (basse) et deux batteurs pour le prix d'un à tour de rôle (Jason Kourkounis ou Mario Rubalcada), Hot Snakes attaque bille en tête en appelant au secours avec I Need A Doctor, détruit tout avec les soixante dix-sept secondes du rentre-dedans Why Don’t It Sink In ? alors qu'on en est qu'au troisième titre et le reste n'est plus qu'incendie qui se propage.
La recette est inchangée. Faire courir le rock'n'roll sur un lit de charbons ardents avec des mélodies qui tombent en piqué, non pas pour vous filer les jetons mais pour vous remplir d'un bonheur instantané. Avec pour ce Jericho Sirens, une énergie et une rage décuplées. Hot Snakes ne se complique toujours pas la vie, rend ses morceaux inoubliables car ils sont simples, diaboliquement accrocheurs, virulents, durs mais qui coulent comme du miel, sans cesse en mouvement, sur le fil du rasoir avec ce surplus d'abrasion et de passion qui font battre un peu plus fort le cœur, donnant envie d'y revenir sans jamais s'en lasser.
Jericho Sirens enchaîne les perles, accélère alors que ça va déjà à fond, avec une limpidité et lucidité toujours exemplaires, le poing en l'air, le sourire sur la gueule, en rajoute une couche avec l'énorme Having Another ? dont la réponse est oui car on ne peut raisonnablement pas se lasser de titres comme Death Doula ne semblant justement ne jamais vouloir finir, l'urgence poignante de Psychoactive, la frénésie et la générosité qui débordent des dix compositions.
Il n'est pas question de se demander si c'est le meilleur album de Hot Snakes ni d'ailleurs quel est le meilleur de leurs quatre albums. Laissons ça pour les enculeurs de mouches en plein vol parce que chez Hot Snakes, tout est excellemment bon et grandiose, d'une classe supérieure et inégalée. Surtout après quatorze années de silence, on va pas se mettre à ergoter. Venez donc prendre votre grande et belle leçon de rock'n'roll et basta.

SKX (28/03/2017)