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Facteur Cheval
Adieu L'Organique - LP+CD
Humpty Dumpty records 2017

La défaite est interdite aux particules immortelles. Les chats survivent aux appartements surchauffés. Et le Facteur Cheval. Il ne s'agit pas de construire un palais idéal mais de s'affranchir également des préjugés, du protocole et des pigeons.
La paire Zoft est à l'origine. Une paire belge, Damien Magnette (batterie) et Nicolas Gitto (guitare) désireuse d'étoffer les rangs. A deux, c'était pas facile mais intriguant de les suivre dans des jours électriquement hantés. A quatre, c'est l'électrochoc. Débarquent dans le paysage Christophe Rault aux claviers et Carl Roosens pour le chant et les mots. La précision est d'importance. Car sans les mots, Facteur Cheval bancal, le palais perd du vertical, devient moins impérial et plus banal. Les mots ne sont pas la seule corde à l'arc de Carl Roosens mais celle là, il l'a fait bien résonner. Les mots s’enchaînent, s'imbriquent sans logique apparente pour former des bouts de poèmes surréalistes, des histoires à dormir debout, décalage de la vision traditionnelle, absurde, comique, tragiquement brutal. Ça dépayse, ça peut interloquer mais quand les mots éjectés avec intensité se heurtent à la musique, Facteur Cheval prend sens et s'enflamme.
Adieu L'Organique, adieu veau, vache, cochon, couvée, les six titres forment une membrane singulière, une illusion nouvelle. Il s'agit de ruades, de tremblements épidermiques, d'extravagance rythmique, de claviers qui volent dans un ciel sans fond, de partir dans tous les sens et de se rattraper à la queue du chat parce qu'avant tout ou après, qu'importe, l'essentiel dans cette grande kermesse, c'est que le Facteur Cheval envoie galoper les étiquettes et propose une furieuse échappée sans nom qui rock, cogne, trépigne, danse, avec un trait de noirceur pour entourer la couleur, sentir l'urgence et le souffle chaud des naseaux dans ce grand chamboule-tout à la pétulance communicative et la virtuosité. Je suis pris dans des câbles à huit mètres du sol.
On ne sait jamais s'il faut rire ou avoir peur du Facteur Cheval. L'animal est sauvage, surprenant. Il donne la joie pour mieux la claquer durement sur la nuque mais une fois que vous avez saisi la bride, impossible de la lâcher. Adieu l'organique, bonjour l'orgasmique.

SKX (23/01/2018)