facs
troubleinmind


Facs
Negative Houses – LP
Trouble In Mind records 2018

J'avoue être totalement passé à coté de Disappears. Pourtant, du CV alléchant se profilait dans ce groupe. Notamment Brian Case, ex-90 Day Men et Noah Leger, ex-Milemarker, Auxes et si on remonte à la préhistoire, ex-Hurl, Thee Speaking Canaries (avec Damon Che) et Northern Bushmen pour ne citer qu'eux. Disappears justifiant désormais magnifiquement son nom, trois des membres ont formé Facs. Case, Leger et Jonathan Van Herik qui s'est fait remplacé depuis par Alianna Kalaba. Facs n'est pas une session de rattrapage de Disappears mais pour avoir quand même jeter une oreille sur Irreal, le dernier album de Disappears en 2015, les fans ne seront pas désorientés. Mais on peut aussi très bien faire sans le passé.
Negative Houses, une histoire avant tout d'ambiance. Sourde, tendue, ténébreuse, voir monotone parfois avec cette
impression de s'enfoncer très lentement dans des sables mouvants. La reverb évoque des ombres. Un halo hypnotisant vous enveloppe. Un chant entre murmures, feulements sensuels ou simplement parlé, suggéré, étouffé. On ne sait plus si tout ce qu'on entend est bien réel.
Heureusement, Facs assène des coups de batterie pour rester sur ses gardes, des lignes de basses volumineuses et des éclats stridents avec un influx nerveux continu irriguant Negative Houses. Une musique évoluant dans une torpeur anxiogène, un climat claustrophobe. Les fragments de lumière n'en sont que plus efficaces et beaux avec des motifs qui éclairent le propos, des harmonies qui s'envolent, décollant sous le poids d'un rythme tribal et rehaussant le niveau d'optimisme. Facs maîtrise parfaitement l'art de la musique qui va exploser à tout instant mais qui ne le fait jamais. Ou alors avec lenteur, dans une brillante éruption en slow motion, d'une façon singulière. Se voir tomber et ne rien faire. Avec une science du minimalisme, jamais la note de trop, la sonorité qui n'aurait rien à faire là. Total contrôle. Sauf le temps des neuf minutes de Houses Breathing et le saxophone de Nick Mazarella pour vous envoûter à tout jamais. Ou de courts passages pour vous tétaniser tel un papillon dans un faisceau de bruits aussi intense que surprenant. Cette fois-ci, on ne passera pas à coté de l'aventure Facs, la première pierre étant de très belle facture.

SKX (06/06/2018)