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Endon
Through The Mirror – LP
Hydra Head/Daymare records 2017

Il est franchement temps de parler du deuxième album Through The Mirror des Japonais hors-normes de Endon vu que leur nouvel album Boy Meets Girl vient de sortir en septembre dernier. Vous pouvez en écouter un extrait ici. Mais ne cliquer pas sur ce lien si le monde de Endon vous est inconnu, il pourrait vous en cuire et nous ne voulons pas avoir de problème. Commencez plutôt par lire ce qui suit, mesurez les risques encourus et après vous ferez ce que bon vous semble mais nous déclinons toutes responsabilités.

La musique japonaise est connue pour sa démesure, caresser les extrémités de la folie, pour ne pas faire comme le commun des mortels. Avec Endon, ils ont franchi un nouveau palier dans l'horreur. Et c'est pas loin d'être un coup de maître. A travers le miroir, il est possible d'entendre des sons qui ne vont pas vous faire plaisir, la réalité va devenir subitement transformée, encore plus laide, aliénante, sans aucun moyen de s'en sortir, provoquant de grands moments de stress. Il va falloir un peu de temps et quelques écoutes avant d'ajuster ces neurones et tenter de comprendre ce qu'il se passe sur ce disque. Mais la déflagration est immense, se retrouver dans l’œil du cyclone est totalement hypnotisant, le pouvoir cathartique de Through This Mirror est énorme et au final, même si vous n'avez toujours pas tout compris, vous êtes soûlés de coups, mal à l'aise, un peu plus sourd qu'avant mais bizarrement heureux et ailleurs.
Un album énorme de folie furieuse, de puissance occulte, un maelstrom de sonorités et d'approches musicales se télescopant dans un volcan d'intensité de malade dont le chanteur Taichi Nagura est le grand patron. Les Japonais sont vraiment à l'ouest. Noise pure, metal, rock, grindcore, harsh noise, electronics, black metal, expe alors que le disque s'ouvre avec Nerve Rain, un instrumental répétitif de noise quasi symphonique. Nagura s'arrache littéralement la tête et le reste. On craint pour sa santé mentale vu le mélange de hurlements de damné, borborygmes et autres sons qu'il est capable de sortir de son corps. Comme en plus, Endon rajoute d'autres couches de chants ou samples vocaux, plus d'une fois l'impression d'être enfermé dans un asile de fous vous assaille. Les rythmes vous hachent, vous abattent, grouillent comme des milliers de cafards. Les guitares se confondent avec les triturations électroniques. Les sonorités acides et malsaines attaquent l'acier, ça vous vrille le cerveau, un bourdonnement continu traverse les tympans, votre corps est pris de trépidations, vous ne savez plus qui fait quoi et comment vous vous appelez.

Mais le plus sidérant, malgré que ça déboîte de partout et la violence manifeste, c'est que Through The Mirror est incroyablement cohérent, compact, avec une mise en boité signée Kurt Ballou aux petits oignons qui n'étouffe pas et des morceaux qui tiennent debout du haut de leur démence, sophistiqués et sauvages, dans des structures méphitiques dont vous avez perdu le fil depuis longtemps mais qui elles, savent très bien comment vous garder en vie comme un pantin désarticulé. Par je ne sais quel miracle, Endon réussit à soulever de la beauté derrière son rideau auto-destructeur, un sentiment mélodique et rock/hardcore joué dans une extrême urgence, une tragédie épique qui finit d'achever. Vous voilà désormais prévenus, faites ce que vous voulez mais Endon est une expérience unique, un cauchemar que j'aime me repasser.

SKX (14/11/2018)