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thrilljockey
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Negative Work LP
Thrill Jockey records 2018
Les morceaux du premier album
avaient tellement été usés jusqu'à la corde
qu'il était temps que E arrive avec une nouvelle cargaison de joyaux.
Il va donc encore être question de tresser une couronne à
un groupe qui n'a rien changé à la recette qui avait déjà
parfaitement fonctionné. Le trio ne fait que peaufiner, magnifier
et c'est déjà énorme. La musique de E ne donne pourtant
pas dans le clinquant et le précieux. Les joyaux sont à
l'image de la pochette. Sombres, mystérieux, chargés d'une
profonde mélancolie et de noirs desseins. Derrière, l'orage
gronde. L'électricité se répand comme un coup de
foudre prêt à frapper l'innocent tout en sachant qu'après
la pluie, le soleil et l'espoir ne sont jamais loin. Ça tombe bien,
Negative Work, malgré le titre, est rempli d'une lumière
qui vous inonde.
C'est à la force du poignet que le trio magique Thalia Zedek, Jason
Sidney Sanford et Gavin McCarthy élabore une météo
de sentiments contradictoires. Une musique rugueuse, à l'apparence
austère mais qui irradie de chaleur. Tempétueuse mais dégageant
de la sérénité. Noir et blanc avec de multiples nuances
de gris. Car tout est histoire de dosage, de finesse, de détails,
de balance entre la grâce et les tourments, un numéro d'équilibriste
entre nerveux coups de semonce et horizon voilé pour une navigation
tout en souplesse. Avec Negative Work, E sont devenus des maîtres.
Une collection de dix morceaux dont chacun est une pièce unique.
Du tube interplanétaire Pennies explosant les vumètres
sur les 45 dernières secondes au final Hollow qui n'a pas
fini de vous hanter la nuit avec les trois protagonistes intervenant à
tour de rôle au chant (dont bien sûr la voix envoûtante
de Zedek), Negative Work fourmille de riffs ouvrant les mers par
des mélodies revêches, magnétiques, bluesy, poignantes,
noisy. McCarthy à la batterie est d'une implacable justesse (et
son chant toujours aussi intense sur Down She Goes et Untied
Me). Les titres défilent et s'imposent sans forcer, comme si
on les avait toujours entendus. Même le plus expérimental
et déglingué Cannibal Chatroom.
Ce rock est d'une magnifique simplicité et beauté. Toujours
sans superflu, qui n'en dit pas plus qu'il ne faut. Avec un talent de
compositeurs hors-normes, sans la ramener, juste heureux d'être
là tous les trois à faire de la musique ensemble et partager
le fruit de leur sublime travail. Et ils osent appeler ça Negative
Work.
SKX (31/05/2018)
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