deathengine
apocaplexy
throatruiner


Death Engine
Place Noire – LP
Apocaplexy/Throatruiner records 2018


Bretagne, Lorient, Place Noire. Horizon bétonné. Architecture brutaliste. Pollution visuelle. Labyrinthe de rues identiques. Death Engine va éclater toutes les lignes, briser les angles morts et donner du cœur et une satané chaleur au ciment anonyme. Seulement six nouveaux titres mais la demi-heure est atteinte. Et surtout sa cible. Le trio encore englué dans sa violence et la densité de son propos sur un Mud déjà fortement intéressant prend son envol et il est irrésistible. La noirceur et la virulence touchent en plein dans le mille car la maîtrise est là, la retenue aussi quand il le faut, la dynamique n'est plus à sens unique, le relief s'accentue. L'enregistrement d'Amaury Sauvé ne tend plus vers la suffocation. Death Engine évolue également dans son approche vocale plus diversifiée, n'hésitant pas à montrer des accents mélodiques au bout de cordes vocales toujours aussi foutrement écorchées. Et pourtant, à aucun moment, l'intensité comme une seconde peau chez Death Engine ne faiblit.
Mais ce qui fait la vraie différence et la grande force de Place Noire, c'est la qualité démoniaque des morceaux. Rien que la doublette d'ouverture et indissociable, comme si Modern Life et Decline ne faisaient qu'un, vous met littéralement sur les rotules. Un torrent d'émotions poignantes, d'adrénaline n'arrêtant pas de monter, de constructions en escalier laissant sur le carreau, d'une tension à couper au couteau, d'intonations mélodiques pertinentes, de sauvagerie contrôlée, avec à l'arrivée, des envolées sublimes, épiques, avec des recoins de lumière pour s'élever au-delà du béton qui font toute la beauté de ces deux titres.
Et les quatre autres sont au niveau. Du plus lourd et fracturé Dead End aux huit minutes finales de Romance, sublimes et pas de tout repos ou des fulgurants et abrasifs Ordinary Violence et Pickaxe, Place Noire est un lieu dont on ne se lasse pas de faire le tour. Les points de vue sont multiples, les façades sont variées, les aménagements parfaitement agencés et la vie qui s'y déroule est passionnante. Ce mélange noise-rock et hardcore est du bel et grand ouvrage.

SKX (24/05/2018)