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Deaf Wish
Lithium Zion – LP
Sub Pop records 2018

Pas une chronique ne manque à l'appel. Tous les albums de Deaf Wish ont été passés au crible. Pourtant, on ne peut pas dire que ce fût dingue à chaque fois. Depuis le gros coup de foudre avec le premier album en 2007 et le single Deaf News, les disques suivants ont vu les sentiments déclinés. Une histoire d'amour vache. Ils sont sévèrement égratignés mais on ne peut pas sans passer.
On remet donc le couvercle avec le cinquième album Lithium Zion. Surtout que le dernier en date (Pain) avait fait remonter les palpitations, ce que Lithium Zion confirme. Pas de quoi frôler non plus la tachycardie. Les Australiens continuent d'évoluer dans leur environnement habituel. Sonic Youth jamais loin (plutôt le Sonic Youth de la dernière partie de vie mais bon, passons), des morceaux qui ne se compliquent pas la vie, des mélodies finement dissonantes, une trame très classique, un batteur qui fait le job à défaut d'en mettre plein la vue, un chant qui se partage entre tous les protagonistes dont celui charmeur de Sarah Hardiman, c'est du Deaf Wish, rien à redire là-dessus.
La différence chez Deaf Wish qui n'a jamais pris très au sérieux sa vie de groupe et semble presque surpris d'être sur Sub Pop, c'est la qualité de la compo, la propension à trouver l'inspiration, exploiter l'idée qui va faire décoller le bousin, faire passer l'ordinaire pour du super. A ce petit jeu là, Lithium Zion comporte son lot de titres accrocheurs, de refrains fédérateurs, ce qui ne s'était pas entendu depuis quasi le premier album. Pas de quoi sauter au plafond mais Easy, FFS, Deep Blue Cheated ou les six minutes finales de Smoke font largement plus que faire lever le sourcil. L'urgence pointe son nez. La basse marque des points. Les répétitions tirent vers le haut des morceaux prenant du poids. Lithium Zion densifie le propos avec toujours ce fond de mélancolie qui les rend attachants.
Deaf Wish a également donné du plomb et de la force à son enregistrement pour que ça tienne la route sur la longueur, se donner une chance de survivre dans ce monde de brutes sans se compromettre.
Malgré tout, Lithium Zion ne s'épargne pas les morceaux plus anecdotiques, ceux qui piquent du nez, le radar automatique en route. Le sang irrigue raisonnablement ce disque et, d'une manière générale, le fait battre de belle façon. Mais on ne peut s'empêcher de penser qu'il en manque encore beaucoup pour affubler Lithium Zion d'un autre qualificatif péjoratif que sympathique. En attendant, ils remontent la pente et nul doute que le prochain album sera disséqué comme d'habitude.

SKX (27/09/2018)