conduit
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Conduit
Drowning World – LP
Kitschy Spirit records 2018


Avec des ex-Twin Stumps et Pop.1280 ou un membre actuel de White Suns, à quoi pouvez-vous vous attendre bande de malins ? Si vous passez le crash audio test du premier court morceau Saturn qui n'est littéralement que marteau-piqueur et scie circulaire en palette de douze, vous pouvez enchaîner sans crainte avec le larsen plein la gueule du suivant Hypnagog et jouir d'un disque de noise-rock furieusement et grandiosement taré. Un monde merveilleux s'ouvre à vous.
Conduit, un groupe de Brooklyn avec deux ex-Twin Stumps, Alessandro Keegan (chant) et Zach Ziemann, batteur également de Pop.1280 jusqu'à l'album Imps Of Perversion, le guitariste Kevin Barry (White Suns) et Anuj Panchal à la basse. La noise, ces mecs là en bouffent dès le petit déjeuner. Un doigté incomparable. Une élégance innée. Alors quand en plus, ils mettent leur savoir-faire au service de compos qui conservent un cadre et ne sont pas qu'anarchie bruyante et gratuite, montrant ainsi qu'ils n'ont pas oublier le mot rock dans noise-rock, cela donne un Drowning World particulièrement probant et percutant.
Le son vous prend tout de suite à la gorge. Oppressant, dense et d'une sourde puissance mais qui ne bave pas partout. Le front d'incendie avance uni et il faut toute la sauvagerie ou l'inconscience du chanteur pour arriver à se faire entendre sans problème à travers cet assaut compact et en règle. Jusqu’à péter une durite et gagner le respect de ses pairs sur la fin de Gille De Rais.
La section basse-batterie se taille la part du lion. Écrasante, humiliante, tapageuse, en mode cyclone tropical ou tombant comme le couperet d'une guillotine. Pulsation primitive et brutale sur laquelle la guitare vient déverser toute son acidité, ses larsens et son malsain. Pas un riff de catholique là-dedans. Ça donne des morceaux à la folie pure mais dans lesquels on se retrouve. Un groove épileptique qui casse les genoux, une tempête de bruit pleine de gravité, de ténèbres et d'angoisses que Conduit expulse à fond la caisse. Une hypnose s'empare de vos pauvres sens. Vous entendez des choses que vous n'étiez pas censé entendre. Le dernier titre Zero Days a même réussi à me faire penser à du Slug.
Conduit possède l'art du bruit ultime, malmène le rock, l'éventre et vous fait plonger avec Drowning World dans un univers de noise apocalyptiquement génial tout en vous maintenant au-dessus de la ligne de flottaison.

SKX (12/11/2018)