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Club
Cactus
5 - LP
Beg Rose records 2018
Qui se frotte au Club Cactus se confronte à une paire de batteurs,
en face à face, l'un avec l'autre et en symbiose, dans un exercice
inédit. Mais le Club Cactus n'est pas sec, il ne se contente pas
de cette formation unique qui aurait pu être un pari risqué.
Chaque morceau est enrichi par un chant et également une instrumentation
en filigrane (guitare, synthés, cuivre etc...) venant étoffer
le propos.
A l'origine, deux batteurs donc. Anthony Laguerre (feu Filiamotsa)
et Jean-Michel Pirès (Bruit Noir, NLF3, The Married Monk). Qui
ne manquent pas d'idées et de ressort pour vous balader et vous
interpeller dans ce monde de rythmes qui chantent, s'enlacent, s'intercalent,
dialoguent, percutent en proposant une multitude de sonorités et
de forces de frappe, étalant toute leur créativité
sans en mettre de partout. Ce n'est pas un disque de démonstration
technique, un disque de batteurs qui vont en mettre plein la vue. Le duo
affiche une réelle sensibilité pour se mettre au service
de compositions aussi diverses qu'éclatantes bien qu'elles ne touchent
pas toutes de la même façon.
Elles peuvent être poétiques, sombres, piquantes, martiales,
sophistiquées, sarcastiques, entraînantes, plus jazzy, enfumées,
électroniques, vous emmener dans leurs dédales hypnotiques
et mélodiques ou vous laisser plus froid mais il se passe toujours
quelque chose chez le Club Cactus. Et pour ça, les différents
invités au chant ont bien sûr une place prépondérante.
G.W. Sok se fond à merveille dans le paysage tout en imposant son
phrasé légendaire sur Rue de Seine et encore plus
sur Extremophile avec sa petite mélodie à la guitare
acoustique qui interfère discrètement avant d'illuminer
le morceau. Les deux batteries sont ainsi régulièrement
secondées par tout un tas de bruitages, samples, instruments permettant
aux compos de s'épaissir, donnant de l'amplitude pour s'envoler
vers plus de grandeur. Dans les invités à la voix, on a
également au générique Don Nino (Prohibition, NLF3),
Manuel Bienvenu, Alexei Moon Casselle (Kill The Vultures), Benoit Burello
(Bed), Anthony Laguerre qui donne aussi de la voix sur Lac et le
meilleur pour la fin, Pascal Bouaziz (Mendelson, Bruit Noir) sur le très
grinçant et fendard La Culture et Marie Cambois sur le déprimant,
touchant et tribal Une Cigarette. Les mots prennent alors autant
voir plus d'importance que la musique qui devient narrative et se met
à suivre les sentiments de ces charismatiques protagonistes.
Un disque de batteurs qui ne donne jamais l'impression d'être un
disque de batteurs. Une expérience originale, fertile qui se nomme
5 comme le cinquième album de Beg Rose, label de Doëlan,
petit port de pêche de carte postale dans le Finistère sud
qui cache bien des trésors à l'instar de ce disque.
SKX (13/11/2018)
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