caramuerto
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Caramuerto
Humo y Espejos LP
Magia Roja 2018
Une pochette très marquée par Salvador Dali (et oeuvre de
Aina Climente). Un
titre d'album, de la fumée et des miroirs, en référence
à un tour de magie. Humo y Espejos possède une aura
surréaliste et a tout d'une illusion. Jusqu'à vouloir s'effacer
sous un patronyme qui parle de visage mort, mon nom est personne, circulez,
ya rien à savoir de plus.
Derrière Caramuerto semble se cacher le projet d'un homme seul,
un Barcelonais se démenant avec sa guitare et ses machines. C'est
tout ce qu'il est permis de savoir. Et que Humo y Espejos est un
premier album tiré à 275 exemplaires après plusieurs
cassettes.
La musique de Caramuerto n'a pourtant pas des allures d'écran de
fumée. C'est du concret, agressif et perturbé, qui se prend
plein fouet. Seize vignettes sonores pour à peine une demi-heure
pendant laquelle Caramuerto déverse toute sa rage avec des gestes
précis de psychopathe. Entre noise expé, musique industrielle,
electro sauvage et rock extrême, Caramuerto se débat dans
une camisole de fièvre avec une guitare sonnant comme du verre
brisé (Big Black aurait adoré) et des machines/rythmes qui
électrocutent. Le tout avec une science de la perversion, du silence
et de la mise sous tension qui déstabilise et rend dingue à
l'instar du chant en espagnol sachant très bien faire vibrer la
folie dans ses cordes vocales même si le panel est large. Murmures
sataniques, chant-parlé hyper tendu, cris torturés, Caramuerto
est très malade.
Grincements, stridences, grouillements, rythmiques métalliques,
sonorités de tourneur-fraiseur, ligne de basse martiale qui plombe
comme un marteau-piqueur, spasmes réguliers et atmosphère
de fin du monde, Humo y Espejos est un album respirant le chaos,
la violence gratuite et les ténèbres. Mais comme Caramuerto
ne fonce pas dans le tas comme une bête féroce, Humo y
Espejos prend des airs d'album noise exigeant certes, dessine surtout
un tableau fantasmagorique, angoissant et personnel rempli de lumineux
coups d'éclat, un univers où se télescopent d'étranges
créatures qui deviennent vite obsédantes. Ce disque n'est
pas un mirage et vous feriez bien d'y jeter une oreille très attentive.
SKX (13/06/2018)
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