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Bruxa
Maria/Casual Nun Split LP Hominid Sounds 2018 Un nouvel enregistrement de Bruxa Maria, c'est jour de fête. Après le formidable premier album Human Conditions en 2016, il tardait d'entendre la suite. C'est sous la forme d'un split que Bruxa Maria revient avec leurs compatriotes anglais de Casual Nun pour une enflammade généralisée des platines. Seulement trois nouveaux titres pour Bruxa Maria mais c'est une nouvelle fois du haut de gamme dans la catégorie noise-rock au vitriol. Un trio devenu quatuor avec l'arrivée de Mark Dicker au synth noise alors que l'ancien batteur est remplacé par Alessandro Elisei. Ce qui ne modifie en rien les gênes délicieusement bruitistes et acides du groupe londonien. It's All In The DNA comme ils disent. Ce qui tombe bien puisque c'est le titre du premier morceau. La voix de la chanteuse-guitariste Gill Dread est noyée sous les effets comme un Helios Creed qui aurait pris encore plus de speed que d'habitude. La rythmique est également sous emprise d'accélérateurs puissants et intransigeants. Bruxa Maria est toujours cette machine furieuse, chaotique et cependant particulièrement percutante avec un son unique pris de folie. L'étau ne se desserre pas sur Rise. Le chant de Dread redevient un peu plus à la normale. Le synth noise provoque un voile continu finement bruyant et perturbant d'un bruit fielleux qui fait tout pour ne pas vous laisser dans le confort. Ce qui n'empêche aucunement riffs de guitare et basse plus matraquage de batterie de vous rentrer dans le lard. Le noise-rock de Bruxa Maria est impitoyable et ne perd jamais le sens du mot rock. Et avec les sept minutes et quelques de People Die In Revolutions, c'est l'apothéose. Rythme général au ralenti pour tension exacerbée. Voix de succube trafiquée qui semble venir de partout vous hanter la tête. Répétitions des riffs pour supplice chinois. Vous croyez que ça va dégénérer mais ça ne dégénère pas. Pression au cordeau amenant lentement mais sûrement à l'échafaud de la démence. Totale maîtrise et total bonheur que la nouvelle livraison de Bruxa Maria. Le danger d'un split avec une telle qualité d'un coté est qu'il soit bancal. Casual Nun ne va pas altérer la valeur du disque. Ce groupe de Londres m'était inconnu jusque là malgré de précédents enregistrements. Il ne va pas le rester longtemps. Casual Nun évolue aussi dans la catégorie noise-rock qui dégomme tout à la sulfateuse. Les guitares sous effets, les voix malades, la folie qui guette, le bruit qui déboule par tous les trous, une aura psychédélique malsaine, Casual Nun connaît, priez pour nous. Casual Nun, ce sont cinq musiciens se lançant dans les affres tumultueuses de compositions appréciant les longues échappées. Les deux principaux titres sur les quatre (Easy Now, Cowboy et Crane In The Water) dépassent les six minutes, sont aussi vigoureuses qu'enfumées mais sans le risque de l'assoupissement. Surtout quand deux batteurs dont une batteuse vous tapotent derrière la nuque. Rajoutez la basse inébranlable de Iraklis Theocharopoulos qui fait cogner un riff redoutable sur Easy Now, Cowboy et vous avez un socle très solide. Autour, entre et à l'extérieur, larsen, fuzz, dissonances se répandent comme le venin, le chant de Vasili Sakkos se répond dans ses propres échos sans jamais se perdre, l'adrénaline prend feu, les rythmes se déchaînent et Casual Nun décolle à la rencontre d'un paradis pavé d'intentions pas très catholiques. Le plus court The Sweet Hereafter, après une intro quasi silencieuse et un peu longue finit par partir soudainement, montrant un Casual Nun au visage plus agressif, trépidant, flingué et tout aussi intéressant. Seul l'instrumental Sherry Bell à base de... cloches sonne la récré et la paix des tympans. L'Angleterre du bruit a encore frappé. A croire que c'est là que ça se passe. SKX (09/04/2018) |