bosshog
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Boss Hog
Brood X - LP
Bronze Rat records 2017

J'attendais rien de spécial d'un nouvel album de Boss Hog. Tellement rien que j'avais décidé de fièrement l'ignorer, le zapper à jamais comme s'il n'avait jamais existé. La connerie, on la cultive ou pas et j'ai la main verte. J'étais resté sur 1990 et leur deuxième album Cold Hands. Voir le 10'' Girl+ en 1993. Après, les deux albums self-titled en 95 et surtout Whiteout en 99, je m'en passais allègrement. Là aussi, j'avais préféré zapper, quittons nous bons amis, restons sur une agréable impression.
Alors quand dix-sept ans plus tard, le groupe New-yorkais a décidé de ressortir de son trou, c'était trop tard, le mal était fait. Ce groupe était mort et enterré depuis belles lurettes. Il a fallu dans un récent moment de désœuvrement et de lubricité que la pochette de Drinkin', Lechin', & Lyin' me fasse de l'oeil et que se pose sur la platine leur génial premier mini-album de 1989.pour que des effluves de curiosité remontent subrepticement à la surface. Dans un moment d'extrême faiblesse, l'envie d'écouter Brood X pour mieux le railler a germé. Un an plus tard, la déception est immense. Cet album est en fait vraiment pas mal du tout.

Un Boss Hog assagi, plus aussi vénéneux et bordélique qu'aux débuts bien sûr mais bien moins pop que sur Whiteout. Cristina Martinez, son mari de guitariste Jon Spencer et leur bande (Hollis Queens, batterie, Jens Jurgensen, basse et le nouvel arrivant Mickey Finn aux claviers) jouent leur partition de garage-rock mutant avec classe, le goût du nerf et une couche d'abrasion retrouvée. Le son de Boss Hog récupère de la noirceur et de la densité. Les riffs de Spencer et la voix charnelle de Martinez font le reste. Groove sexy et pénétrant, funk chauffé à blanc et blues noir et bruyant, claviers séduisants, Boss Hog fait à nouveau bouillir la marmite rock et aligne une poignée de titres (Billy et Shh Shh Shh par exemple) méritant le détour. Le gris des cheveux de Spencer ne l'empêche pas d'actionner vivement le fuzz de sa guitare et d'en tirer des accords fumeux mais aussi des riffs plus disciplinés et calibrés. Il a retrouvé un peu d'essence de son Explosion et en fait profiter Boss Hog. Tous les titres ne sont pas incendiaires, loin s'en faut. Mais la tenue générale est bonne. Boss Hog a mis de l'ordre dans ses idées, resserrer quelques boulons, est revenu un peu aux sources et n'a pas perdu l'inspiration sous le poids des années. Bizarrement, mes deux titres préférés sont les deux plus calmes, introspectifs et différents, placés en dernière position avec les beaux Sunday Routine et 17, comme 17 ans d'absence que Boss Hog a finalement bien fait d'effacer pour revenir nous donner notre dose de rock'n'roll noir et élégamment fiévreux. Pas comme aux plus beaux jours mais on arrive à y croire. Et promis, à la prochaine livraison, je n'irais pas arroser les plantes.

SKX (14/02/2018)