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Bambara Shadow On Everything LP Wharf Cat records 2018 La meute court à l'aveugle dans le noir. Personne ne sait si elle fuit un danger ou si elle passe à l'attaque. Les images sont toutes noyées dans un rouge incendie. Elles parlent abandon, misère, brûlure, évoquent des déserts, des ruines et sont légèrement inquiétantes. Shadow On Everything. Le décor est planté. Quant à l'ombre qui plane sur Bambara, elle se nomme toujours Birthday Party et encore plus Nick Cave tant ce quatrième album emprunte des chemins plus mélancoliques et profonds que Swarm, s'éloigne des bords du chaos et de son précipice pour filer sur des ballades et un mid-tempo d'une classe infinie. La lutte entre le bruit et la clarté, le noir et l'espérance, Shadow On Everything dévoile un coin insoupçonné de lumière sur luvre de Bambara. Mais il faudra encore attendre pour la fête avec le trio new-yorkais. Bambara a beau présenter un visage où l'aspect noise et violent est moindre, l'ombre est épaisse et ne se dissipe pas avec le premier rayon de soleil. Les frères Bateh (guitare/chant et batterie qui ont accompagné Angus Andrew sur la tournée 2007 de Liars) et le bassiste William Brookshire enveloppent l'auditeur dans une atmosphère tour à tour poisseuse ou élégante, swamp ou plus psychobilly (Doe-Eyed Girl), assènent des coups de butoir ou font dans la retenue, explorent des territoires soniques vaporeux et mystérieux (les deux brefs instrumentaux Night's Changing et Human Hair bien que pour ce dernier figurent des paroles au dos de la pochette), sculptent des tableaux ténébreux avec des détails accentués, laissent échapper des mélodies derrière un linceul sinistre (Dark Circles), manifestent une sourde tension avec un rythme tribal apportant de la puissance, des lignes de basse rondes et lugubres et des échardes de guitare qui pincent et balafrent. Mais comme il a été dit que Shadow On Everything déploie également plus de lumière, toute la fin de l'album affichent des compos moins claustrophobes et pleines de finesse avec Backyard et son invitée féminin au chant (Lyzi Wakefield), du saxophone sur Wild Fires et quelques cordes de violons et violoncelles pour faire bonne mesure. Bambara a soigné la texture sonore, a varié son approche, n'a pas négligé l'aspect écriture, soit un cocktail idéal pour accoucher d'un album laissant une trace profonde dans votre cortex sensitif. SKX (12/06/2018) |