badhistorymonth
explodinginsound


Bad History Month
Dead And Loving It : An Introductory Exploration Of Pessimysticism – LP
Exploding In Sound records 2017

N'étant pas familier avec ce groupe, j'ai eu du mal à comprendre s'il se nommait bien Bad History Month ou Fat History Month puisque (notamment) leur bandcamp partage les deux appellations. Il s'avère que Fat History Month était le nom initial sous lequel plusieurs disques sont sortis (dont un album en 2013 qui s'appelait Bad History Month, histoire de compliquer les choses). Quand le batteur de ce duo est parti, le guitariste-chanteur Sean Bean a continué en solo en optant pour le nom de Bad History Month et Dead And Loving It est le premier album publié sous ce patronyme.
Un disque avec un sous-titre, An Introductory Exploration Of Pessimysticism. Je n'ai pas tout compris les explications de Sean Bean dans le livret de 28 pages accompagnant le disque (avec un giga poster). Parce que c'est en anglais et surtout, ça me gavait de lire tout ça. En gros, il a eu une révélation le jour où il a eu la réponse à une question existentielle : quelle est le sens de la vie ? Attention, roulements de tambour. Il a enfin assimilé qu'il allait inévitablement mourir un jour. Du coup, il a abandonné toute la frustration et la colère qu'il avait en lui et il s'est mis à aimer son prochain. Bon en fait, je crois que c'est à partir de ce moment là que j'ai arrêté de lire. Et c'était au tout début.
La musique offre heureusement beaucoup plus de subtilités et n'enfonce pas de portes ouvertes. Elle navigue das un champ relativement ouvert. Un rock libre d'aller où il veut, de flirter avec l'avant-pop expérimentale sur les bords, de se mouvoir dans les parages de Gastr Del Sol ou des frangins Jefferies de This Kind Of Punishment et autres néo-zélandries du genre.
Un Sean Bean tout seul à la composition mais pas dans l'exécution. Pas moins de huit musiciens sont venus lui prêter main forte. Principalement à la batterie ou des éléments percussifs, le rythme n'étant pas l'élément central du disque contrairement à la guitare. Vous avez aussi un peu de basse, un melodica, du piano, un genre de sampling et autres bruitages indéfinis. Et puis surtout le jeu de guitare et la voix posée de Bean, comme détachée, légère mais emprunte de tristesse et de gravité. C'est d'ailleurs tout le disque qui est à cette image. Aérien et sombre, fragile et plombant. Simple et minutieusement arrangé. Silencieux et bavard. Toujours un élément extérieur, une percussion discrète, une guitare slide, un brin de melodica pour venir enrichir, perturber le cheminement erratique ou plus serré de Bean. La musique semble s'étirer à l'infini, s'endormir, se perdre dans les méandres blafards et mélancoliques de longues compositions (A Small Life et A Platitude & A Final Understanding vont au-delà des dix minutes), devenir abstraite puis revenir dans le monde des vivants, se tendre, insuffler de la tension, des éclats électriques et de belles envolées. Mais à chaque fois, il émane de ces morceaux narratifs une poésie, une ambiance douce-amère tranquillement magnétiques et plus de force qu'il n'y paraît, des mélodies à tiroir, une complexité derrière une fluidité apparente (à moins que ce soit le contraire) donnant une envie de creuser le propos et de revenir régulièrement vers Dead And Loving It. Le questionnement métaphysique de Sean Bean lui a permis d'accoucher d'un très beau disque original et attachant.

SKX (20/02/2018)