maurizioabate
boringmachines


Maurizio Abate
Standing Waters – CD
Boring Machines records 2018

Maurizio Abate est italien et a tiré le nom de son album d'un vers de William Blake (Expect poison from the standing water). Le poison principal de Maurizio Abate est une guitare acoustique. Avec parfois de l'électricité parcourant les cordes, un soupçon d'harmonica, trois touches de piano et deux invités pour du violon et violoncelle. Histoire de s'éloigner de sa figure tutélaire John Fahey. Mais pas trop car c'est le sentiment d'un disque solo de guitare acoustique qui prédomine avec une technique qui vole mais ne s'entend pas. Et Abate n'a pas besoin d'artifices pour embellir son propos et nous emmener dans des territoires gorgés d'eaux sombres et mélancoliques qui pourraient également évoquer Nick Drake. Le gars a de l'or dans les doigts. Les cinq compositions dont la pyramidale dernière (Standing/Crumbling) atteint pratiquement le quart d'heure sont de magnifiques envolées tour à tour sèches, solennelles, scintillantes, limpides malgré toutes les anfractuosités dans lesquelles Abate déniche des trésors de mélodies. Le cours de Standing Waters est d'une richesse insoupçonnée, rassemble folk, post-rock, musique classique et ambient dans un même courant où le tumulte n'est jamais très loin. Gastr Del Sol n'a qu'à bien se tenir. Cinq pièces ambitieuses tour à tour nerveuses ou appelant à la plénitude, délicates et tourmentées, tristes et lumineuses, joignant la tradition et des chemins de traverses. Maurizio Abate n'est pas loin de marcher sur l'eau avec Standing Waters.

SKX (17/05/2018)