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Arse
Primitive Species – LP
Erste Theke Tonträger, Grupo records 2018
Arse/Party Dozen
Power Tripper - split 7''
Grupo records 2018

À l'origine publié en 2017 sur cassette uniquement, Arse a eu la bonne idée de sortir la version vinyle de Primitive Species cette année sur son propre label Grupo avec l'appui des Allemands de Erste Theke Tonträger. Une aide internationale bien lointaine puisque Arse est australien (Sydney). Mais le mélange punk et noise-rock de Arse ne correspondant pas spécialement à l'idée qu'on se fait de la musique en générale sur cette grande île du bout du monde - les clichés ont la vie dure - et puis ça fait bien longtemps que toutes notions de scène affiliée à une ville ou un pays à voler en éclats. Arse pourrait donc venir de Berlin, du pays Basque ou d'un trou paumé aux USA, l'important, c'est que leur musique claque.
Un premier album particulièrement mordant. Et je ne dis pas ça uniquement parce que c'est marqué en gras au verso de la pochette Bite Me ! Arse a aussi écrit Tell someone, "Fuck you." Le décor est planté. Et de toute façon, que vouliez-vous attendre d'un groupe qui s'appelle Arse ? Sept titres courts, urgents, lourds. Plus deux plages d'abstractions sonores à la fin de chaque face car Arse aime également flirter avec la ligne rouge et noyauter sa musique parée pour le combat et les uppercuts avec une approche légèrement déviante. Le grain de la voix du guitariste-chanteur Daniel Cunningham est plus efficace qu'une brosse à reluire, donne le ton d'un disque très virulent et remonté contre la terre entière. La terminaison est hardcore, la batterie est basiquement intense et assure le boulot sans rien inventer, on sent poindre les filiations qu'il est inutile de nommer car Arse n'a besoin de personne pour botter le cul des grincheux. Mais le traitement sonore, la guitare qui dérape et le venin qui coule dans Primitive Species vont chercher dans le noise-rock, dans des sphères plus troubles où il est bon de s'attarder. La confrontation de ces approches débouche sur un disque rageur, classique et qui va de l'avant, qui ne se prend pas la tête mais qui la retourne bien.



Arse bat le fer tant qu'il est chaud en 2018 en sortant un split single avec Party Dozen, duo avec la saxophoniste et chanteuse Kirsty Tickle et le batteur Jonathan Boulet qui joue de la basse dans Arse. Ça reste en famille. Le premier titre, Power Tripp, est d'ailleurs une compo avec les deux entités ensemble, c'est à dire juste Kirsty Tickle au chant en plus. Difficile d'imaginer que c'est la même fille qui hurle sur ce titre et dans Exhibitionist, son projet solo. Ici, elle abandonne son chant éthéré et s'arrache les cordes vocales. En duo avec le colérique Cunningham, ça donne un duo d'enfer sur un titre sonnant très Arse et particulièrement convaincant. Arse se fend d'un autre morceau, Shit Future, et c'est pas de la merde. Le chant est toujours aussi emballant et la dynamique d'ensemble est totalement ravageur, saignant avec une sonorité post-punk dans la rythmique bienvenue. Non, le futur ne s'annonce définitivement pas merdique pour Arse.
Quant à Party Dozen, il propose Tommy Guy. L'approche est tout autre et expérimental. Le saxo est de sortie, pattern de rythmes multiples, auréole synthétique et electro. Le tout sonne ma foi pas trop mal mais sûrement moins intéressant que The Living Animal, l'album de Party Dozen réalisé en 2017 et sur lequel vous seriez bien avisé de jeter une oreille attentive...

SKX (10/11/2018)