yards
truthseeker




Yards
Excitation Thresholds – LP
Truthseeker records 2017

L'Angleterre a fourni ces dernières années toute une ribambelle de groupes noise-rock plus excitants les uns que les autres. Et je croyais bien que Yards allait être un nouveau nom à rajouter à cette brillante liste avec des anciens membres notamment des désormais défunts Nitkowski et Econo. Mais c'est pas la bonne liste. Ou alors la catégorie noise-rock infernale, l'aile dure du parti, celle qui tend sérieusement vers le versant hardcore. Bref, c'est Converge et autres groupes tourmentés du genre soufflant sur les cendres des musiques bruyantes et extrêmes de tout poil. Ce qui n'est pas tout à fait la même chose. Comme si la démence montée sur ses chevaux lui donnait la chasse.

C'est donc distribution gratuite de mandales, rafales de batterie, les poumons du chanteur qui se vide de tout l'air accumulé depuis des années, surtout le plus dégueulasse et vicié parce que ça fait du bien de se purger de temps en temps, guitare en mode acrobatique pour napalmer toutes les surfaces, surtout les plus inaccessibles et l'impression générale de se trouver en plein milieu de l’œil du cyclone. Les cinq premiers titres défilent ainsi comme une seule longue branlée de dix minutes pendant lesquelles il n'est pas aisé de reprendre son souffle. La ventilation ne permet pas un renouvellement du propos mais c'est salement efficace. Il faut attendre The Attic pour trouver un semblant de changement et des cassures permettant de changer d'air. Jusqu'à s'essayer à un chant parlé/mélodique sur fond de jolis arpèges. Finalement, le concassage continu leur va pas si mal que ça.
Face B, tout en restant dans le registre du hardcore-noise hargneux et brutal, les quatre londoniens vont apporter du relief supplémentaire, des breaks salvateurs, des bruits parasites et quelques expérimentations dans les sonorités. Jusqu'à finir par plus de sept minutes avec le très dense The Shadow Stealer. Un résumé parfait de toute l'artillerie du combattant moderne qu'est Yards, de la technique primaire du lance-flamme au corps à corps sanglant à l'arme blanche et précise et des changements incessants de position. Il fallait bien deux minutes d'un drone de fin du monde pour terminer ce disque exigeant.
Excitation Thresholds ou Seuils d'excitation n'atteint pas le maximum sur l'échelle du plaisir. Ce déchaînement de violence laisse sur sa faim et a du mal à faire passer le frisson dans un style qui a subi bien d'autres assauts. Mais dans le genre excitation primaire et plaisir immédiat, le premier album de Yards remplit son rôle.

SKX (19/10/2017)