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The Wayward
Plutonic – LP
Nerve Altar 2016

Des présentations s'imposent. Et elles pourraient se résumer à un seul nom, Nick Skrobisz. Les plus férus des noiseux d'entre vous qui ne voient jamais la lumière du jour auront tout de suite su que ce type est aussi le guitariste-chanteur des excellents Multicult. Cependant, The Wayward a débuté sa vie avant Multicult. C'était en 2006 avec un album self-titled sur Black Box records. Deux autres suivront, Overexposure en 2008 et In Alphabetical Order en 2013, le seul défaut de ce dernier étant de n'être publié qu'en version numérique alors qu'un vinyle avait été initialement prévu. Parce que pour tout le reste, c'est parfait, ces disques (et quelques singles) sont largement autant recommandables que Plutonic, nouvel et quatrième album qui, lui aussi dans un monde parfait, devrait copieusement tourner en boucle sur votre platine et donner envie de vous jeter sur toute la discographie de ce groupe qui était resté malheureusement et incompréhensiblement en dehors de nos écrans radars jusqu'ici.

The Wayward, une histoire de famille parce qu'avec un bassiste répondant aussi au nom de Jesse Skrobisz, ce n'est sans doute pas le fruit du hasard (le troisième larron est le batteur Natt Simms). Une histoire de famille à plus d'un titre car musicalement parlant, The Wayward reste dans le giron de Multicult. Et inversement. Chacun se nourrit de l'autre, les deux musiques se fondent dans un paysage sonore très proche, des sensations et une ivresse similaires. Avec le petit détail qui n'est pas des moindres et qui tue, The Wayward est encore plus jouissif que Multicult qui avait déjà placé la barre qualité très haute. Mais comme il est vain de vouloir comparer, fonçons tête baissée dans cette orgie noise-rock qui va remettre les compteurs à zéro. Plutonic est un incroyable chassé-croisé de rythmes et de riffs intriqués, une alchimie secrète balancée avec naturel et une fervente rage qui ferait gober n'importe quelle formule ésotérique. Le jeu de guitare de Nick Skrobisz possède un touché incomparable, une marmite de riffs tordant l'acier et beaucoup de classe. Cela possède l'apparence du compliqué mais il touche sa cible à chaque fois, le rendement en point de mire pour faire briller les compos. Et quand les trois musiciens lâchent les chevaux, cela donne un furieux raffut, donnant parfois cette étrange impression que The Wayward exécute deux morceaux en un, des couches superposées dont le seul but est de faire grimper dans les tours de l'hallucination. Comme on dit familièrement, ça joue.

The Wayward ne sonne comme personne (à part Multicult donc), déforme le noise-rock, lui applique un groove spécial aussi chaleureux que cassant, ne lâche jamais sa proie, tourne autour lors de passages plus retenus (l'instrumental Pluck), malmène les mélodies et déploie des trésors d'idées pour élaborer des structures enchevêtrées qui font mouche comme sur Sedimentary avec cette ligne de chant déchirant à la fin qui fait toute la différence. The Wayward n'est pas un monstre froid et calculateur. Tout se fait au panache, avec les tripes et un cœur gros comme ça. Le trio balance des plans incroyables, ça rebondit dans tous les coins, toujours à la relance, ça sonne incroyablement et les titres défilent comme dans une essoreuse pour en ressortir encore plus étourdi en lâchant un paquet de bombinettes. Sur la version numérique, The Wayward offre Obliques, un titre bonus en forme d'instrumental de plus de huit minutes. Mais tout avait été magnifiquement dit avant. Il était grand temps de s'intéresser à The Wayward, entité noise-rock parmi les plus bandantes de ces dernières années.

SKX (13/03/2017)

Le label et mailorder anglais SuperFi records possède quelques exemplaires de Plutonic (12£ + port). Faites vite !




Overexposure - Magic Bullet records 2008 (LP+CD)