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Victory English Martyrs – LP Kerviniou/Specific 2017 Il flotte sur le nouvel album de Total Victory un parfum de mélancolie et de désillusion jamais ressenti auparavant. Pas à ce point. English Martyrs ne raconte pas un joli conte de fées. English Martyrs dit que Les rêves sont une perte de temps. English Martyrs est peuplé de fantômes sur lesquels veille King Penda, dernier roi païen de l'Angleterre, sur son trône en haut d'une colline sur une pochette qui donne le ton. Il est question d'une Angleterre et de sa grandeur ou ce qu'il en reste. Le mythe en prend plein sa gueule avec Total Victory. La musique se met au diapason du climat morose. Par un jeu de miroir, English Martyrs absorbe les ondes pessimistes pour rejaillir sur les compos, jusqu'à l'enregistrement. Total Victory n'a jamais joué les gros bras, n'a jamais sorti ses plus belles dentelles et mis de gros moyens pour épater la galerie avec un son de dingue mais le son d'English Martyrs est encore plus intimiste, neutre, sans éclat particulier. Jusqu'à la batterie qui sonne comme un carton mais on me glisse dans l'oreillette que c'est totalement voulu et assumé. Comme si Total Victory avait voulu se présenter plus dépouillé que jamais, dans son plus simple et modeste appareil, qu'il ne fallait retenir que le cœur du propos et oublier tout le reste, ne pas se laisser distraire par les couleurs. Les compositions ne se laissent ainsi pas facilement attraper. Pas de tube à la What The Body Wants, The Body Gets. Point de titres qui claquent des doigts. Et c'est ce qui me plaît chez English Martyrs, ce qui le rend si attachant et unique. Une histoire d'atmosphère qui sent le désarroi avec juste ce qu'il faut d'aigreur. Un brouillard douloureux, des mélodies empruntant des chemins plus sinueux, une musique qui n'est pas tape à l’œil, le souci du détail, la profondeur, une tristesse sourde, une colère froide qui accompagne chaque mouvement. English Martyrs tire sa force de sentiments plus enfouis et confus. Le remontée à la surface n'en est que plus belle et marquante. English Martyrs est fait pour s'installer sur la durée. Les compos finissent par s'imposer. Total Victory n'a pas été abandonné par son inspiration. Les morceaux sont là, subtils, les angles fuyants ou saillants, les arpèges s'envolent, le chant scandé de Dan Brooks rassure et en matière de brillance, toute la face A est un sans faute. Quatre titres contrastés et lumineux pour faire le tour du propriétaire, apprécier toute la panoplie émotionnelle dont sont capables les Anglais. Et elle est grande. Total Victory pratique un post-punk devenu hors-catégorie à force d'être si personnel et introspectif. Seule la France (pour une fois) qui a publié tous leurs disques et dont le groupe a souvent visité les salles de concerts semble l'avoir compris alors qu'il reste inconnu dans son propre pays. Alors profitez de English Martyrs, une nouvelle preuve du talent de Total Victory, non seulement parce que ce disque est bon mais il risque bien d'être le dernier avant une longue interruption et un hypothétique retour qui ne donne pas de date. SKX (26/06/2017)  
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