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Tone Antares CD TminusONEmusic/Dischord 2016 C'est un peu, toujours, pas mal la même chose avec Tone. A l'instar d'un autre groupe de Washington DC, Lungfish, l'ensemble musical Tone n'est pas là pour révolutionner sa musique à chaque sortie. Ou pour révolutionner quoi que ce soit d'ailleurs. Qui plus est dans un style qui en a vu des vertes et des franchement pas mûres du tout depuis plus d'une décennie. Je me surprends donc toujours à aimer Tone car le post-rock instrumental avec des titres de trois plombes, normalement, ce n'est pas kasher. Au risque de répéter - mais après tout, ils le font bien avec leur musique ce qui avait été dit sur le dernier album Priorities, Antares démontre une nouvelle fois la supériorité de Tone en la matière. Sculpter de longs paysages sonores sans provoquer un bâillement au bout de deux minutes est un exploit dont Tone saccommode parfaitement à chaque réalisation. L'arrivée de deux nouveaux membres, Charles Andrews (basse) et Gustavo Vargas (un des trois guitaristes), dans ce groupe à cinq à la géométrie très variable (ils ont été jusqu'à huit) ne change rien à l'affaire. Tout est dans le coup de poignet que Tone a nerveux, souple et racé. Et ma foi, toujours inspiré. Il existe bien quelques joliesses dont je me passerais bien, un ou deux parties de guitares plus laborieuses comme sur Weapon Of Moonlight mais dans l'ensemble, Tone enterre tous les Microfilm de la terre. Les trois guitaristes (Veenstra, Williamson et Vargas) tricotent des mailles d'enfer, des plans à trois aussi costauds que cristallins, aussi mélodiques que tranchants. Et comme la section rythmique n'est pas là pour faire de la figuration et porte avec puissance et conviction les échappées belles des guitares, les six titres passent sans encombre le poids des minutes qui apparaissent moins longues que ceux qu'elles affichent au compteur. Tone a compris que ce genre de constructions ambitieuses et à rallonge ne peuvent se faire sans intensité, sans mélodies réellement accrocheuses, sans une flamme intérieure ne cessant de crépiter, avec le sens de l'épique qui connaît ses limites, des tiroirs ouvrant sur d'autres tiroirs qui finissent par ouvrir de majestueux horizons pour planer au dessus de grandes étendues sans avoir peur du vide, sans fadeur. Tone possède souffle, élégance et un talent aussi inné que discret. Ça fait plus de vingt ans que ça dure. Il n'est jamais trop tard pour les découvrir. SKX (10/01/2017) |