salvation
forgeagain


Salvation
Sore Loser – LP
Forge Again records 2017

Nouveau trio de Chicago, Salvation a plutôt la gueule de l'emploi pour évoluer du coté de Seattle. Dès le titre d'ouverture True Romance, le fantôme de Nirvana s'agite sous votre nez. Que ce soit par la voix cassée du guitariste Jason Sipe montrant autant de signes de fragilité que de rudesse ou par la dynamique du morceau avec alternance de passages lourds et de passages plus calmes, l'influence est manifeste, elle agit comme un fil rouge tout le long de Sore Loser.
Neuf titres qui sentent donc bon le grunge mais avec un aspect noise et rugueux. L'enregistrement par Joe Gac, le bassiste de Meat Wave, est fait dans des conditions live et ça s'entend. La chair vibre, les imperfections sont des atouts, ça gratte, ça vit, du naturel qui galope au travers d'une approche punk. Car Salvation, c'est aussi du sauvage, ce qui sort de vos enceintes est ce qui sort des amplis, pas d’esbroufe mais de l'hirsute et de l'écorché. Le cœur de Salvation que le trio a chargé d'amertume se trace un chemin entre deux âpres décharges. Le chant braille et se met à nu dans la même chanson. Salvation tord le blues qui est en eux comme une sale vérole, dispense de la ballade virile mid-tempo revêche et à fleur de peau. Bref, Salvation, ce n'est pas que du gros riff qui déleste salement des effluves caillouteuses et de la rythmique qui plombe. Sous le cuir et les tatouages, de la place pour un truc plus chancelant et incertain qui se traduit par les sept minutes de Voices In The House, aussi rageur que poignant, voir carrément un instrumental surprenant et joliment mélancolique, Bodies In The River. L'esthétique générale reste cependant au morceau qui fait dérouiller, à la bonne dose de rock'n'roll dans les gênes (Some Girls et I Don't Want You), au chant qui déchire l'air nauséabond et lourd de gros nuages, les riffs sacrément charpentés et l'envie de foncer dans le tas avec juste ce qu'il faut de velours sur le dos. Tous les morceaux ne connaissent pas une réussite identique mais pour un premier album, c'est du solide, de quoi envisager l'avenir avec assurance.

SKX (23/03/2017)