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Rouge
Gorge Rouge Hypersomnia CD Collision Music 2016 Le Rouge Gorge Rouge sort pour la deuxième fois de son nid depuis 2013. Froast était une belle couvée. Avec Hypersomnia, Rouge Gorge Rouge prend son envol. Ce groupe de Bordeaux, à ne pas confondre avec le drôle d'oiseau rennais, a considérablement élevé le niveau et offre un plumage riche en couleurs et électrisant. Rouge Gorge Rouge n'est pas aisé à attraper, il virevolte dans une multitude de styles, picore à gauche et à droite mais trace sa route, sûr de lui. Et ce qui est sûr également, c'est que cet album est très mal nommé. Hypersomnia ne plonge pas dans un sommeil profond. Au contraire, Rouge Gorge Rouge a accéléré le mouvement, file continuellement et nerveusement sur des rythmes alertes, même le temps d'un TM Astral très Black Heart Procession, la tension est palpable, impossible de piquer du nez. Et quand Rouge Gorge Rouge décide de lâcher la bride, ça donne Vococo ou Hypersomnia, deux titres s'ébattant dans les affres d'un psychédélisme bruyant et généreux, deux belles courses poursuites de six minutes chacune avec des coups de basse derrière les genoux pour faire plier les récalcitrants. Je ne les attendais pas sur ce terrain là et c'est carrément emballant. Tout comme sont totalement prenantes les huit minutes de Ethernull. Les couches d'instruments se superposent, la construction au parfum krautrock prend peu à peu forme et tu finis par planer aussi haut et longtemps qu'un condor au-dessus des Andes. Sans forcer, avec une infinie classe et une grande variété de sonorités et d'approches, Hypersomnia fait plonger dans un monde onirique, élégamment sombre et tendu. Le trio a ajouté depuis 2015 un quatrième membre (claviers, chant) et surtout, Rouge Gorge Rouge chante, babille, piaille, seul ou à plusieurs mais il donne plus souvent de la voix et ça lui va comme un gant. L'enrichissement de la palette sonore se fait à tous les étages. L'habillage des synthés glisse à merveille sur les dissonances de la guitare. La section rythmique donne l'impulsion. Les compos ont gagné du coffre et de la maîtrise, sont capables de vous emmener loin dans une sorte de frénésie inarrêtable mais toujours sous contrôle. Que ce soit avec Constantine, titre d'ouverture très accrocheur pour mettre tout de suite en appétit, le rentre-dedans Elfy Science ou l'instrumental Balle à Fond qui titille les lyonnais de Zëro pour conclure en souplesse, Hypersomnia a tenu sans problème éveiller et au-delà de toutes attentes. Rouge Gorge Rouge est devenu une sacré belle bête. SKX (01/02/2017) |