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Permanent Makeup
Scrape – LP
Dead Tank/No Clear/IFB records 2017
Taker – LP
No Clear records 2015
The Void... It Creeps – LP
No Clear records 2013
Gibbering 7''
No Clear/New Granada records 2014

Permanent Makeup est un groupe originaire de Tampa en Floride. Scrape est leur troisième album. Le quatrième si on compte le tout digital I Don't Like You Either sorti l'été dernier. Il est donc grand temps de parler de cet excellent trio en passant en revue leur discographie. Honneur à la nouveauté avec Scrape publié en septembre.
Si cette présentation est un peu basique et froide, c'est parce que la musique de Permanent Makeup ne se laisse pas aborder facilement. Mais elle a tout pour enthousiasmer. Alors tentons une sorte post-punk à l'américaine, c'est à dire traversé par des flèches rock-garage qui réchauffe l'atmosphère, du piment noise pour durcir les angles et quelques accointances avec Spray Paint dans l'approche rigide, sèche, répétitive parfois tout en présentant une esthétique générale plus mélodique et foutraque à la Trumans Water. Vous voyez le tableau. C'est universel et unique en même temps, c'est Scrape, quinze, oui quinze morceaux, pas spécialement courts sauf pour les trois interludes Scrape 1, 2 et 3 de quelques secondes qui enflamment la platine en toute simplicité. Un groupe punk avant tout, non seulement parce que Permanent Makeup a un fonctionnement très DIY (No Clear est leur propre label) mais ce qui sort des enceintes est ce que vous avez sur disque. Permanent Makeup ne met pas de poudre aux yeux, c'est naturellement âpre, ne s'embarrasse pas de circonvolutions vaines et a tout misé sur l'écriture de morceaux farouchement prenants, d'idées lumineuses, des riffs qui ont de la personnalité (James Bess, chant également) et des paquets d'intensité.
Chaque morceau possède du nerf et de la cuisse, c'est tour à tour piquant, malicieux, furibard, chaotique ou poignant à l'instar du splendide Desperate Adults et bien plus que ça encore. Ça plante des dards qui vous sucent jusqu'à la moelle. Une fois dans la chair, impossible de retirer le délicieux venin de ces compos à la mécanique infaillible. La section rythmique (Chris Nadeau, basse/chant et Susan Dikson, batterie) ferraille dans le rebond ou plante des clous qui éclatent le bois de l'intérieur. Scrape, un album qui ne compte plus ses coups gagnants, un album qui gratte et férocement jubilatoire alors donnez vous la peine d'y jeter une oreille attentive sinon vous allez passer à coté d'une très belle perle.





Deux ans plus tôt, Permanent Makeup avait déjà publié un album qui valait aussi toute votre attention avec Taker même si Scrape possède quelques incontournables que ne possèdent pas Taker. Tout était déjà en place. Le son sans fard, les morceaux qui ont l'air de ne pas y toucher mais qui finissent immanquablement par vous happer dans leur farouche tourbillon, la guitare qui sort des trésors de riffs donnant tout le sel des compos, la rage suintante transpirant de chaque titre alors que ça semblait parti pour être plus tranquille, une folle course en avant ou chaque titre semble un peu meilleur que le précédent. Taker, treize compos sans interlude, succession de petites bombes punk revêches, urgentes, finement charpentées, jouissives sans interruption, explosives toujours. Alors si vous avez aimé Scrape, vous ne pourrez également échapper à Taker.





On continue de remonter l'échelle du temps pour arriver en 2013 avec leur premier album The Void... It Creeps. Le vide ne fait pas que ramper, il se remplissait d'un groupe dont le meilleur était à venir certes mais il ne faudrait pas bouder notre plaisir. A part la qualité des morceaux qui n'atteint pas encore les sommets de Taker et surtout Scrape, Permanent Makeup a été dès le départ cette entité punk hargneuse, finaude et des morceaux qui dévoilaient déjà un certain potentiel. Des morceaux pas tous aussi accrocheurs, plus basiques et sages mais comportant tout de même son lot de petites perles en devenir. L'aspect garage-rock est plus présent, le chant limite scandé deviendra plus urgent et dingue mais pour un premier album, le trio Permanent Makeup avait déjà une belle tronche.





Entre-temps, le trio de Tampa avait publié le single Gibbering en 2014. Trois titres avec Suggestion en plat principal même si ma préférence (très légère) va pour Die Kissinger. Pas de surprise ni d'entourloupe. C'est le lien idéal entre le premier album, Taker et un avenir radieux, les astres qui s'alignent peu à peu, trois inédits qui ne dépareillent nullement dans la discographie de Permanent Makeup et le point final d'une revue d'effectif qui ne fournit plus aucun mot d'excuse pour continuer d'ignorer ce génial groupe.

SKX (04/12/2017)