noballs
8mm



No Balls
More Is More – LP
8mm records 2017

Sept ans que No Balls n'avait pas sorti de disques. En vinyle uniquement. Parce que les Suédois sont loin d'être restés inactifs depuis 2010. Un troisième album répondant au doux nom de I'm So Happy I Can Die avait été publié en cassette en 2014. Et les cassettes, ils aiment ça. Sous ce format, ils ont sorti Crutches avec six inédits en 2015 sur le label portugais 8 mm ainsi qu'un split avec les Grecs de Blank Veins, toujours en 2015. Par contre, en 2011, c'était bien un vinyle sous la forme d'un single deux titres (Carving It Out/Pulling It Through sur Burning Hell records). Le Suédois n'est pas un tire-au-flanc. Pas comme nous qui n'avons jamais parlé de toutes ces publications. Le deuxième et mitigé album Less aurait-il découragé toutes motivations de suivre ce groupe souvent présenté comme un projet annexe de Brainbombs ? Un dangereux sentiment de tourner en rond ?

Toujours est-il que No Balls possède la solution à tous vos problèmes de routine et de transit intestinal. Ça s'appelle le remaniement, il paraît que c'est à la mode. Plus de Dan Raberg, donc plus de trompette. On en entend pourtant clairement sur Nachspiel tapissant tout le fond sonore de son air fantomatique. Allez comprendre. Par conte, débarque du lourd avec David Gurrik (guitariste des poètes de Anal Babes) et surtout le bassiste Kjetil Brandsdal (Noxagt, Ultralyd) et le batteur Jan Christian Lauritzen (Noxagt) pour entourer le fondateur de No Balls, Anders Bryngelsson (Brainbombs, Orchestra of Constant Distress) à la guitare. Et avoir la section rythmique de Noxagt avec soi, ça aide à vous faire une place dans une rame de métro surbondée. Éventuellement, ça aide aussi à relancer votre groupe.

More Is More, c'est forcément mieux que Less. Tout était dit dans le titre. Le fond de commerce n'a pas foncièrement changé, à part le chant qui a totalement disparu ainsi que la trompette (ou presque). Du mono-riff répété à l'infini, jusqu'à crever de soif. Du riff bien sale et féroce. Un rythme qui tape toujours la même enclume avec une force identique. Du punk-noise primaire à la Brainbombs sans les insanités des paroles. L'hypnose par les bas-fonds avec un goût de gravier dans la bouche. Avec More Is More, vous reprenez la même formule avec plus de guitares. Une qui déraille souvent, tourne autour de sa proie pendant que l'autre joue l'accord à s'en péter les phalanges ou alors appuie sa camarade de classe pour des lésions maximales. Et surtout, une section rythmique qui fait mal et dont la réputation pour te faire sentir tout petit ne se dément pas. C'est du lourd. No Balls a donc pris du muscle, du coffre, de l'ampleur, de la folie. La chaleur a augmenté, No Balls grimpe rapidement dans le rouge, tient la note, tient le rythme, augmente encore la pression, le genre de répétition qui rend dingue à l'instar des deux derniers morceaux, Failer et Approaches, pour une fin en apothéose. Et quand No Balls sort en plus le riff, la combinaison qui tue, ça donne des compos particulièrement implacables comme Pacer, le furieux et chaotique Problems, Breaking qui évoquerait presque Godflesh dans la fournaise, guitares en combustion diabolique avec un son à arracher des cornes de taureau, gros raffut de la mort, transe assurée, cauchemar en accéléré.
No Balls a passé plusieurs vitesses d'un coup, More Is More de tout et surtout que du meilleur. Épique.

SKX (21/06/2017)