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We speak in new tongues because old mouths never come clean. Cette phrase qui se trouve à l'intérieur du journal de huit pages de Dark/Light ne signifie pas que New Tongues fait souffler un vent d'originalité totalement ébouriffant. Cependant, leur approche du noise-rock est tellement bien foutue qu'une grosse bourrasque de fraîcheur s'abat sur votre platine qui en a pourtant entendu d'autres. New Tongues sait être reconnaissant envers les les vieilles bouches mais de l'avant, New Tongues vole.
Le trio de Columbia continue ainsi son périple et son sans faute entamés avec We Are The Ones We Have Been Waiting For et Suite. Dark/Light est aussi court que Suite - seulement quatre titres mais tape au-delà des vingt minutes - démontrant un savoir-faire de plus en plus impressionnant. La meilleure preuve est Salt The Fields, différent des trois autres dans le sens où il est dominé par les machines et l'électronique mais garde une vibration, une chaleur, une sourde tension qui hypnotise au point d'oublier tout l'attirail qui a été nécessaire pour le fabriquer.

Dark/Light, l'ombre et la lumière, New Tongues travaille la matière comme les sentiments. Musique sombre, colérique qui possède le don d'être radieuse, de se frayer un chemin vers des contrées phosphorescentes et plus apaisées. Ce n'est pas slowcore, ce n'est pas hardcore, c'est quelque part dans un entre-deux, dans un monde de tensions esquivant une confrontration trop directe. Dynamique subtile de rythmes appuyés mais soupesés. Cordes classieuses ou martyrisées, étirant des accords élégants et puissants. Toujours cette histoire d'aller-retour entre des opposés sans frontières clairement définies. Sculpter l'intensité avec de précieux détails. Jouer avec l'adrénaline, les volumes, l'espace, les silences, la retenue, les déflagrations. Ça donne des morceaux complètement ensorcelants à l'instar d'un Gentle Release dans lequel il est bon de se perdre dans les méandres clinquants. New Tongues possède la science infuse et son noise-rock est de très haute volée.














Juste après Dark/Light, New Tongues a publié un nouveau disque. C'est un split single avec Mad Anthony, un trio de Cincinnati. New Tongues se fend d'une reprise de Fugazi, Great Cop, sur In On The Kill Taker. L'enregistrement semble live, prise direct. Le trio n'a pas cherché à le fondre dans le propre moule New Tongues. L'angle d'attaque reste virulent comme celui de Fugazi, à part un pont musical au milieu qui dure et pendant lequel New Tongues parait en roue libre avant de retomber subitement sur ces pattes. Une reprise pour le fun.
Avec Mad Anthony, il est encore question de New Tongues puisque Shane Johnson, le chanteur de New Tongues, prête sa voix au morceau Bad Apples. A l'origine, ce titre fait partie de Mad Anthology. Un projet un peu, pas mal, beaucoup dingue qui était de composer en 2016 un titre par semaine. Soit 52 morceaux en un an. De quoi filer les jetons à plus d'un groupe. Sauf à Thee Oh Sees, Spray Paint, les frangins Blaha de Blind Shake et autres stakhanovistes du rock. Pour ce projet, Mad Anthony s'était entouré de nombreux invités dont Shane Johnson donc. Cela donne un titre de noise-punk-rock convaincant. Pas de basse, deux guitares, un jeu alliant virulence et finesse, sorte de Stnnng dans son approche la plus directe et le chant très remonté et tendu de Johnson qui bonifie Mad Anthony. Parce qu'à écouter vite fait le reste de leur discographie, c'est loin, très loin d'être aussi réussi.

SKX (12/07/2017)