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Naarc Loam 2xTapes Self-released 2017 L'objet n'est pas banal. Un boitier renfermant deux cassettes. Deux miséreuses cassettes, ce format d'un autre âge mais présenté ainsi, l'objet a de la gueule. Le double album cassette, nouveau concept qui va faire trembler la bande magnétique. Plus d'une heure de musique pendant laquelle ordinateurs, synthés et boite à rythmes forment le noyau dur. Une prise de pouvoir des machines de la part de musiciens qui ne nous avaient pas habitué à ça dans leurs précédentes formations. Michael Patrick Keenan Jr. (synthé, samples, boite à rythmes) était le chanteur des divins Hawks qui viennent de sortir leur album posthume (No Cash Value) alors que Matt McCalvin évoluait au sein de Blame Game et garde cependant un attribut rock avec la guitare. Le troisième larron se nomme Ian Cone et s'occupe d'un autre synthé et du chant comme ses deux acolytes. Naarc, un groupe très récent, formé en juillet 2016 à Atlanta et s'inscrivant dans un courant à la Pop. 1280, la fréquentation des extrêmes en plus. Dans l'agression, dans la noirceur, dans les rythmes de cadences d'usine qui ne feront danser que les zombies, Naarc impose un style violent, claustrophobique et aliénant. Naarc reste dont très rock, très noise, seuls les moyens pour y parvenir sont différents. Mis à part Silencio 63 et Dry Remains au vernis cold années 80, Naarc cherche la confrontation, mitraille des rythmes crasseux et minimalistes, lobotomise, envoie des couches vicieuses de synthés, du gimmick qui stresse et scande ses revendications à plusieurs voix. Naarc cite Guy Debord en français dans le texte avec La réalité du temps a été remplacée par la publicité du temps. Naarc crache son venin, aime la baston en uniforme (Camouflage Mesh), dénonce, sert à la gorge, insuffle de l'emphase, toise sa proie, paranoïa tu perds ton sang froid. Loam divisé en deux comme deux cassettes. Sur la première, neuf titres qui font corps et qui aiment se développer sur le temps. Mais sur la deuxième cassette, c'est carrément quasi le quart d'heure que Naarc vise avec seulement deux morceaux. Un titre par face coupé en plusieurs parties pour sculpter un gros bloc strident, de machines et de fureur. Surtout lenchaînement Chroma Law/Food Court/Marginal Man. Ce n'est pas de tout repos, Naarc a été un peu gourmand sur le coup et une heure un quart de ce régime autoritaire peut fatiguer avant la fin des hostilités. Néanmoins, Naarc marque d'entrée son territoire et il mérite largement d'être découvert. SKX (22/02/2017) |