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Missiles
Of October Better Days CD Pogo/Ebus Music/Bonobo Stomp 2016 Missiles Of October revient siffler au-dessus de nos têtes après avoir proposé de ne pas paniquer deux ans plus tôt. Cette fois-ci, des jours meilleurs sont au programme. Hypothétique aspiration d'un optimisme forcené qui, en ce qui concerne la musique du trio de Bruxelles, ne sera pas assouvi. Better Days et Don't Panic, même combat. C'est à dire que ça laisse toujours le cul entre deux chaises. Un disque dont j'aime la rusticité, le punk-noise sludge binaire et crade. Un disque qui peut également fortement irriter devant tant de banalité, de plans éculés et une batterie misérabiliste. Difficile de faire moins inventif. Mais c'est ce qui est aussi capable de faire son charme. Voilà bien le problème. A faire son Helmet ou Unsane du pauvre, Missiles Of October en deviendrait presque touchant. Le trio racle les fonds de casseroles pour mieux montrer l'essentiel, quitte à se la jouer minimaliste (involontairement ?) dans leur formule qui fout pourtant du bordel. C'est presque un cas de conscience. Le genre de disque qui peut totalement laisse livide avec des morceaux rudimentaires, un souffle de mineur de fond, ternes et sans idée. Ces mêmes morceaux bêtes et méchants qui peuvent aussi se montrer sous un jour féroce, primaire et faire leur petit effet car bassement nihilistes. Et j'aime ça aussi. Missiles Of October ne cherche pas les complications, même pendant les sept minutes de Everyday qui a force de répétitions pousserait le vice à laisser traîner ses pensées salaces du coté de Brainbombs. Autre cas de schizophrénie, le chant. L'accent est à couper au couteau, les paroles sont simplistes, de quoi pousser encore un gros soupir. Mais avec ce putain d'éraillement dans les cordes vocales qui donne envie de tousser pour le chanteur, la pilule finit par passer, donnant un grain retors et brutal à ce Missiles Of October qui, décidément, possède une trajectoire pas si simple à appréhender. Pourtant, quand le trio se permet quelques dentelles, ils ne passent pas pour des crétins. La seconde guitare de l'invité Ralf Jock sur Looser Man et ce qui ressemble à un piano donnent enfin de l'ampleur à un disque à ras de caniveau, élargit le champ de vision d'un groupe qui adore avancer tête baissée et droit au but. Alors avec une bonne grosse basse distordue jamais graissée, une batterie à deux balles, la voix d'un charbonneux, des accords de guitare à faire pâlir Satriani, la rage d'un pitbull et des compos bas du front, Better Days n'a pas la vie facile, ne montre pas la voie à des lendemains qui chantent. Mais les pieds dans la boue, les mains dans le cambouis, se taper la tête contre les murs et les emmerdes, Missiles Of October ne cherche que ça. Un vilain petit canard aussi repoussant qu'attirant. Mais je crois bien que je vais finir par l'adopter. SKX (25/01/2017) |