housewives
rocket






Housewives
FF061116 – LP
Rocket recordings 2017

Ce disque, il a une tronche de code-barres et un titre d'avion de chasse qui bégaye. De quoi légitimement se demander ce qu'il va nous larguer dessus. Heureusement, Housewives n'est pas inconnu. Ce qui est d'autant plus inquiétant. Ces quatre londoniens sont capables de tout. Comme de balancer en morceau introductif sept minutes et quelques d'une nappe bruitiste/drone que le saxophone de l'invité Ben Vice vient nourrir comme le vent sur un incendie. On a connu accueil plus engageant. Mais ce n'est pas surprenant. Ce groupe noise, expérimental ou no-wave revisité, j'en passe et des plus absurdes, n'avait pas une tronche à aller dans le sens du poil. Ça se sentait à plein nez sur Work. Housewives enfonce un peu plus loin le clou de l'intransigeance sur FF061116.
Il est donc question de morceaux plus ambients/bruitistes, de s'enfoncer dans des territoires très inhospitaliers mais pas que. On respire. C'est encore le cas sur Excerpt 3 (tous les morceaux se nomment Excerpt et sont numérotés de 1 à 7) mais il est court. Pour la suite, Housewives ressort la rythmique répétitive, rigide, la guitare acier, anguleuse et creuse toujours plus profond le trou d'une musique qui ne donne pas grand chose, dévoile le minimum mais ne possédant pas son pareil pour provoquer une sorte d'hypnose maléfique.
Il est intéressant de voir l'évolution du groupe au regard de la réimpression de leurs travaux de jeunesse New York Reissue. Housewives désosse, ne garde que l'essentiel de cette musique noise sans concession, comme un psychédélisme à froid, une transe maladive (jusqu’au locked groove clôturant la face A), un axe répétitif en nette progression plutôt que des convulsions ainsi que plein d'espaces et de l'écho pour augmenter l'angoisse. Et la tension toujours, sourde ou montée en sauce pour se gratter jusqu'au sang, une guitare perçant la nuit, perturbant les structures, un rythme plus tribal ou entraînant et un chant tendu afin de rester dans l'espace vital et les parages d'un rock et son urgence que le groupe n'oublie pas en route. Une histoire d'équilibre et Housewives sait toujours maintenir en haleine.
Le saxophone apporte également une nouvelle touche, enrichit la palette sonore et serpente tout le long de l'apothéose des quinze minutes finales du grandiose Excerpt 7. Il se fait serein sur les cinq premières minutes avec un tapis de sons grouillants dans le fond avant l'arrivée de la rythmique, l'inexorable adrénaline qui s'élève du sol, la fourmilière qui se met en branle, le saxo qui se met à pousser, le chant entre l'incantation distante d'un dingue et la complainte d'un désespéré pour un allant général fortement porteur. Un quart d'heure parfaitement maîtrisé, long résumé de toute la panoplie Housewives, entre machine robotique et répétitive, esthétique bruitiste, expérimentale et articulation rock avec ce petit bout de nerf sans cesse palpitant. Housewives fournit une copie personnelle, parfois ardue, toujours passionnante.

SKX (27/09/2017)